Le processus d’adhésion de la Turquie à l’Europe est une «hypocrisie»

Le processus d’adhésion de la Turquie à l’Union européenne (UE) est empreint d’« hypocrisie » et ne débouchera pas « dans les prochaines années », a déclaré le président français Emmanuel Macron après un entretien avec son homologue turc Recep Tayyip Erdogan. Ce dernier dit être « fatigué » d’attendre.

Lors d’une conférence de presse commune tenue vendredi à Paris au terme d’une discussion avec M. Erdogan qu’il a qualifiée de « très franche », le président français a plutôt plaidé pour que Bruxelles et Ankara développent un « partenariat » destiné à préserver « l’ancrage » de la Turquie dans l’Europe.

« Ma volonté, c’est que nous fassions davantage ensemble, c’est que la Turquie reste ancrée, arrimée à l’Europe, mais je pense que le processus [d’adhésion à l’UE] tel qu’il a été ouvert ne permettra pas de déboucher dans les prochaines années », a fait valoir M. Macron.

Pour le président français, « il est clair que les évolutions récentes et les choix [de la Turquie en matière d’État de droit] ne permettent aucune avancée du processus engagé ».

« Nous devons sortir d’une hypocrisie qui consiste à penser qu’une progression naturelle vers l’ouverture de nouveaux chapitres (de négociations) est possible. »   dit Emmanuel Macron.

« Il faut […] regarder si on ne peut pas repenser cette relation, non pas dans le cadre du processus d’intégration, mais peut-être d’une coopération, d’un partenariat avec une finalité […] : préserver l’ancrage de la Turquie et du peuple turc dans l’Europe », a-t-il encore dit.

Selon Emmanuel Macron, Ankara et l’Union européenne devraient s’engager dans les prochains mois dans un « dialogue apaisé » et « repensé, reformulé dans un contexte plus contemporain, prenant en compte les réalités d’aujourd’hui ».

« Je pense que l’Union européenne n’a pas toujours bien fait avec la Turquie parce qu’elle a laissé croire que des choses étaient possibles alors qu’elles ne l’étaient pas totalement. » – dit monsieur le président de la France.

Le président Erdogan n’a pas caché pour sa part qu’il est « fatigué » d’attendre cette éventuelle adhésion à l’UE. Il a rappelé que 16 chapitres de négociation sur 35 avaient été « ouverts et jamais clos » au fil du temps.

« Ça fait 54 ans que la Turquie attend dans l’antichambre de l’UE. […] On ne peut pas en permanence implorer une entrée dans l’UE. »  – Recep Tayyip Erdogan, président de la Turquie.