Après quelques années de réparation une église orthodoxe a réouvert ces portes

L' »église de fer » bulgare orthodoxe d’Istanbul, Saint Stéphane, a été réouverte dimanche en présence des dirigeants turc et bulgare, Recep Tayyip Erdogan vantant pour l’occasion la politique d’Ankara envers les minorités religieuses.

« Vous êtes libres de pratiquer votre religion et vous êtes sous notre protection », a lancé le président turc en direction des minorités en Turquie, en réponse aux accusations selon lesquelles le pays, dirigé par les islamo-conservateurs, ne ferait pas suffisamment pour protéger les minorités chrétiennes et leur patrimoine.

« La responsabilité des Etats est de sauvegarder la liberté confessionnelle pour tous les citoyens, quelles que soient leurs fois ou leurs origines », a-t-il ajouté, devant le Premier ministre bulgare Boïko Borissov, dont le pays assure jusqu’en juin la présidence de l’Union européenne.

« Istanbul a montré de nouveau au monde entier qu’elle est une ville où différentes religions et cultures coexistent en paix », a conclu Recep Tayyip Erdogan.

La réouverture de l’église Saint Stéphane intervient après sept ans de travaux de restauration. L’édifice, situé dans le quartier de Balat, sur les rives du Bosphore, où résident traditionnellement des communautés chrétienne et juive, a été construit en fer en 1898, ce qui lui a valu son appellation d' »église de fer ».

La cérémonie est considérée également comme une volonté de la part des deux pays voisins de tourner la page sur un passé bilatéral qui fut souvent houleux.

« Je suis convaincu que l’Europe entière et les Balkans verront aujourd’hui comment la tolérance ethnique est un exemple à suivre dans un pays chrétien et dans un pays musulman », a déclaré Boïko Borissov.

Il a exprimé le souhait que 2018 puisse contribuer à « normaliser » les relations entre l’Union européenne et la Turquie.

L’ampleur des purges menées par le pouvoir turc après la tentative de coup d’Etat de juillet 2016 lui a valu notamment de nombreuses critiques en Europe. Ankara déplore de son côté l’enlisement des négociations pour son adhésion à l’UE.

La Turquie abrite plus de 200.000 Turcs possesseurs de passeports bulgares et qui ont quitté la Bulgarie pendant le régime communiste. Un tiers d’entre eux votent régulièrement aux élections en Bulgarie.

Et la Bulgarie abrite de son côté une minorité de 700.000 Turcs, dont l’origine remonte à l’empire ottoman.

Les relations entre Sofia et Ankara ont connu des crispations ces derniers mois. La Bulgarie a accusé la Turquie d’interférer dans les élections législatives de mars dernier, convoquant son ambassadeur.

La principale formation représentative de la minorité turque en Bulgarie a dénoncé de son côté le référendum sur le renforcement des pouvoirs présidentiels voulu par Recep Tayipp Erodgan, le qualifiant de « folie ».

Les deux pays ont contribué à la restauration de Saint Stéphane, pour un coût de 3,3 millions d’euros.

Le 7 janvier est la journée de Noël pour les orthodoxes.