La constitution du nouveau Parlement catalan est prévue le 17 janvier.

Trois magistrats du Tribunal suprême (TS) ont tranché à l’unanimité : l’ancien vice-président catalan, Oriol Junqueras (ERC, gauche républicaine), restera en prison.

Les juges ont estimé « qu’aucun indice ne suggère qu’il a renoncé à atteindre l’indépendance de la Catalogne par une déclaration unilatérale accompagnée de mobilisations » qui pourraient conduire à « des nouveaux tumultes et épisodes de violence ». Selon le TS, M. Junqueras a le droit de défendre l’indépendance de la région et de chercher « même la disparition de la Constitution »mais ce, « sans commettre des délits ». Le camp indépendantiste a aussiôt réagi d’une seule voix : « C’est une décision indécente », a répondu Raül Romeva, ancien ministre catalan qui reste inculpé. Toujours exilé à Bruxelles, l’ex-président de la Catalogne Carles Puigdemont (PDeCat) considère M. Junqueras et les autres indépendantistes incarcérés en Espagne comme « des otages ».

Malaise au sein du camp indépendantiste

Pourtant, les relations entre M. Puigdemont et M. Junqueras ne sont pas au beau fixe. Les députés de l’ERC ont fait savoir qu’ils ne soutiendraient la réélection de l’ex-président M. Puigdemont que si celui-ci rentre à Barcelone. Dans le cas contraire, le parti voterait en faveur de son leader pour la présidence de la Generalitat (gouvernement catalan).

En effet, il est possible pour un citoyen se trouvant en « incarcération préventive » – c’est le cas de M. Junqueras – de participer à un débat parlementaire. Ainsi, M. Junqueras se porterait-il candidat à la présidence de la Catalogne face à M. Puigdemont, qui reste en Belgique. « Nous ne pouvons pas nous permettre d’avoir un président par Skype », a lancé Gabriel Rufián, député de l’ERC au Congrès des députés espagnol.

Pendant ce temps, les forces souverainistes continuent à négocier les bases de la prochaine législature, malgré le malaise qui règne dans leurs rangs. Jeudi, aucun représentant du parti de M. Puigdemont ne s’est présenté devant le TS pour soutenir le recours en appel de M. Junqueras. De plus, trois députés indépendantistes restent incarcérés, tandis que cinq se trouvent toujours en Belgique. Cette situation affaiblit encore la précaire majorité souverainiste – les indépendantistes ne disposent que de 70 sièges sur 135 au Parlement catalan.

Les quatre élus qui accompagnent M. Puigdemont ont suggéré de démissionner afin de permettre l’entrée en fonction de leurs successeurs sur les listes électorales. Pour sa part, M. Junqueras a demandé aux juges à être transféré du centre pénitencier madrilène où il se trouve vers une prison catalane, proche de Barcelone. Il pourrait ainsi quitter sa cellule pour se rendre plus facilement aux sessions parlementaires.