Le parquet de Marseille a requis le renvoi devant le tribunal correctionnel de l’élu marseillais d’opposition Karim Zéribi, fondateur en 2001 du Parlement des banlieues, pour abus de confiance et abus de biens sociaux, a-t-on appris aujourd’hui de source judiciaire.
Député européen de 2012 à 2014, Karim Zéribi avait été mis en examen le 10 avril 2015. La justice le soupçonne d’avoir détourné à son profit de l’argent versé à plusieurs associations, dont Agir pour la citoyenneté (APC), une association qu’il avait fondée en 2001 et destinée à favoriser l’égalité des chances pour les jeunes issus des quartiers en difficulté. Même s’il n’a plus présidé l’association à compter de 2006, le parquet de Marseille le considère, dans son réquisitoire définitif consulté par l’AFP, comme le dirigeant de fait d’APC. Il le soupçonne d’avoir détourné à des fins politiques et électorales une partie des subventions versées à l’association entre 2007 et 2009 par le conseil général des Bouches-du-Rhône (50.000 EUR), le conseil régional Paca (16.800EUR) et l’Agence nationale pour la Cohésion sociale et l’égalité des chances (20.000 EUR).
Karim Zéribi a toujours contesté que ces subventions aient pu servir ses intérêts politiques. Il assure qu’elles ont été utilisées pour des campagnes d’inscription des jeunes des banlieues sur les listes électorales, l’organisation d’un parlement des banlieues et la mise en contact de demandeurs d’emplois avec des chefs d’entreprises. De son côté, le parquet de Marseille estime que le règlement par APC d’un sondage contenant un chapitre sur la notoriété de M. Zéribi ou de divers outils de communication, le paiement du loyer de son club de réflexion et l’utilisation des salariés d’APC lors de ses campagnes, traduisent sa « mainmise sur le fonctionnement administratif et financier » de l’association. L’enquête avait commencé en 2012 après réception d’une lettre anonyme adressée au parquet de Marseille, huit jours après le 1er tour des élections législatives.
Candidat EELV dans la 7e circonscription des Bouches-du-Rhône située au coeur des quartiers Nord de Marseille, Zéribi avait obtenu plus de 21 % des voix au premier tour. Ancien footballeur professionnel (1986 à 1989) et ancien salarié de la SNCF, Karim Zéribi a été conseiller en charge des questions d’accès à la citoyenneté du ministre de l’Intérieur Jean-Pierre Chevènement (1998 à 2000). Elu en 2008 au conseil municipal de Marseille sur la liste de Jean-Noël Guérini(PS), il a été réélu en 2014 grâce à un accord passé avec la tête de liste PS Patrick Mennucci. Outre Zéribi, le parquet a requis le renvoi de cinq autres personnes, soupçonnées d’avoir été les complices des infractions reprochées à Zéribi.