En dépit de la tentative des autorités sud-coréennes d’étouffer le scandale, les médias du pays ont découvert qu’en 2009 la Corée du Sud avait bien conclu un accord secret d’assistance militaire avec les Émirats arabes unis (EAU), qui inclut notamment l’engagement de Séoul à s’impliquer du côté des EAU en cas de guerre.
Kim Tae-young, qui occupait à l’époque le poste de ministre de la Défense et a personnellement participé à la mise au point de l’accord, a reconnu les faits.
Le président sud-coréen Moon Jae-in, sans entrer dans les détails, a également reconnu pendant la conférence de presse du Nouvel an qu’il existait entre Séoul et Abou Dabi plusieurs accords de coopération militaire qui ne pouvaient pas être divulgués pour l’instant ni être révisés.
Le scandale autour de la coopération militaire entre la Corée du Sud et les EAU a refait surface il y a quelques semaines quand il s’est avéré que le ministre de la Défense puis le conseiller du président sud-coréen s’étaient rendus en novembre et en décembre dans ce pays. Le gouvernement sud-coréen s’était refusé à dévoiler les raisons de ces voyages, se limitant à des phrases floues.
L’investigation des journalistes et des députés a permis de découvrir qu’entre 2009 et 2016 Séoul et Abou Dabi avaient conclu cinq ou six accords de coopération militaire. En 2011, une unité spéciale sud-coréenne, Akh Unit, a été implantée aux Émirats arabes unis. En échange, Séoul a obtenu des contrats pour la construction et l’entretien des centrales nucléaires aux EAU. Jusqu’ici, Séoul s’était efforcé de cacher ces transactions parce qu’Abou Dabi insistait sur leur confidentialité.
Les pires craintes des experts sud-coréens n’étaient pas vaines: en voulant obtenir des contrats avantageux et entrer sur le marché mondial de la construction des centrales nucléaires, Séoul a pris des engagements qui pourraient le pousser à s’impliquer dans un conflit au Moyen-Orient contre son gré.
«J’avais dit à l’époque que j’assumais toute la responsabilité de la signature de cet accord… Dans le même temps, nous voulions vraiment obtenir ce contrat pour la construction de centrales nucléaires aux EAU mais il était évident que notre parlement ne ratifierait pas un accord d’aide militaire et d’envoi de troupes aux Émirats», a déclaré Kim Tae-young. A cause de cette réaction prévisible du parlement et de l’éventuelle protestation du public, c’est lui qui avait insisté pour tenir au secret l’entente sur une aide militaire automatique de la Corée du Sud aux EAU en cas de guerre, ce qui a permis de ne pas les dévoiler aux députés.
Le ministre a reconnu qu’il comprenait que ces engagements étaient de facto impossibles, car en cas de guerre aux EAU et de nécessité d’envoyer à l’étranger des troupes sud-coréennes l’accord du parlement aurait été indispensable de toute façon. Il savait également que le parlement sud-coréen n’autoriserait pas la participation de ses troupes à un conflit au Moyen-Orient.
Kim Tae-young a souligné que cette idée d’introduire des clauses secrètes à l’accord était la sienne, et que le président Lee Myung-bak n’en savait rien.