Le trublion républicain Donald Trump a été investi 45e président des Etats-Unis voici un an, le 20 janvier 2017.
Celui qui a déjoué tous les pronostics a bousculé tous les codes de la communication. Préférant communiquer via son compte personnel sur Twitter – délaissant ainsi le compte officiel @Potus – et contredisant parfois (souvent) les dires de son équipe, il propage aussi beaucoup d’informations fausses ou trompeuses, ce qui « ne peut tenir sur le long terme », juge François Heinderyckx, professeur à l’Université libre de Bruxelles (ULB) et spécialiste en communication politique.
Le Washington Post a comptabilisé 1.950 déclarations fausses ou mensongères émises par Donald Trump en 347 jours. Certaines se répètent. Il s’est notamment réjoui de la Bourse « qui ne cesse de monter » 85 fois alors qu’avant d’être élu, il qualifiait la performance boursière sous Barack Obama, son prédécesseur, d' »artificielle » et de « bulle », pointe le journal. En outre, selon le Washington Post, la performance de la Bourse américaine en 2017 n’était pas unique et elle ne s’est pas redressée autant que ses équivalents étrangers.
« C’est consternant », estime François Heinderyckx. Donald Trump « présente un monde dans lequel il veut croire, voire une réalité qui sert ses idées et intérêts », analyse-t-il. « C’est le principe de la bulle d’opinion, on ne croit que ce qui va dans le sens de nos intérêts. » Une attitude qui réconforte car lorsqu’on est confronté à des faits qui semblent contredire nos croyances, « c’est très désagréable et ça remet en cause des éléments de notre identité. Donald Trump a décidé d’ignorer les faits qui vont à l’encontre de ses projets ».
Pour se défendre, le président et ses partisans brandissent la liberté d’expression. « C’est un débat biaisé car l’on confond les opinions et les faits », rétorque le professeur de l’ULB. « On est libre d’avoir une opinion qui peut choquer. Par exemple, Donald Trump a le droit d’être contre l’immigration et de dire qu’il veut construire un mur (à la frontière avec) le Mexique car il juge que trop de Mexicains vivent aux Etats-Unis. Cette opinion peut choquer et sembler absurde pour certains mais il a le droit de penser ainsi. En revanche, inventer des faits, comme des taux de criminalité qui n’existent pas ou raconter des anecdotes inventées, relayer des rumeurs démenties depuis longtemps… c’est mentir », s’exclame M. Heinderyckx.
Pour lui, Donald Trump « fuit en avant » et « à force de tout mélanger et de s’inventer un monde », le président se retrouve contraint de rejeter tout ce qui n’entre pas dans le cadre qu’il s’est construit. Il pointe du doigt les médias, qu’il accuse de propager des ‘fake news’ (fausses nouvelles). « Or, une majorité d’Américains ne le suit pas quand il dit que le New York Times par exemple n’est qu’un ramassis de mensonges », souligne le spécialiste en communication politique.
« Quand il critique les médias indépendants, la science, les connaissances acquises ces dernières décennies, Donald Trump est dans ses derniers retranchements et un jour ou l’autre, un nombre significatif d’Américains va se soulever », pense M. Heinderyckx. Pour ce professeur, le discours du « tout le monde a tort sauf moi » ne peut tenir sur le long terme et ne représente pas une base fiable. Le président ne pourrait tenir encore trois années à ce rythme.
« Je suis un optimiste donc je pense qu’au final, cela servira de leçon et renforcera la crédibilité des institutions de base: les médias et les publications scientifiques », conclut-il.