Le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres a appelé jeudi le Conseil de sécurité à relancer les efforts pour punir les responsables d’attaques chimiques en Syrie après les veto russes en novembre sur la poursuite des enquêtes internationales.
L’usage d’armes chimiques dans ce conflit, qui déchire la Syrie depuis près de sept ans, « remet sérieusement en cause le tabou planétaire contre ces armes de destruction massive », s’est alarmé M. Guterres.
« Si l’usage d’armes chimiques en Syrie est à nouveau établi, la communauté internationale doit trouver une manière appropriée d’identifier les responsables et de leur demander des comptes », a-t-il ajouté.
A deux reprises en novembre, la Russie –alliée du président syrien Bachar al-Assad– a fait usage de son droit de veto au Conseil de sécurité pour bloquer le renouvellement du mandat d’experts internationaux chargés d’enquêter sur les armes chimiques en Syrie.
Un mois plus tôt, les enquêteurs du JIM, mission d’enquête conjointe créée en 2015 par l’ONU et l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC), avaient conclu à la responsabilité du régime syrien. Ils avaient accusé l’armée de l’air d’avoir perpétré le 4 avril 2017 une attaque contre le village de Khan Cheikhoun ayant fait plus de 80 morts.
Moscou avait rejeté ces conclusions, reprochant aux experts de ne pas s’être rendus sur place et de s’être appuyés sur des témoins accusés d’avoir des liens avec l’opposition.
L’ambassadrice des Etats-Unis auprès des Nations unies Nikki Haley a accusé jeudi la Russie d’offrir un parapluie diplomatique à la Syrie et estimé devant le Conseil de sécurité que l’ONU « doit répondre à cette violation flagrante du droit international ».
Mme Haley a déjà envoyé en janvier une lettre à M. Guterres dénonçant les arguments de la Russie.
Moscou « semble représenter un effort intentionnel de semer la confusion et de protéger l’usage continu d’armes chimiques par le régime Assad », a-t-elle écrit dans le document consulté par l’AFP. Ce courrier a été perçu comme posant les bases d’un nouvel effort américain auprès du Conseil de sécurité pour relancer l’enquête.
La France, pour sa part, va réunir le 23 janvier à Paris les pays qui souhaitent « coopérer efficacement contre l’inacceptable impunité d’utilisation d’armes chimiques », a affirmé son ambassadeur auprès des Nations unies François Delattre.
« Un nouveau partenariat intergouvernemental sera constitué à cette occasion dont l’objectif sera d’aider et de soutenir les mécanismes existants dans leur travail d’enquête et les organisations internationales, en premier lieu l’OIAC. »
La mission du JIM a pris fin en novembre mais l’OIAC présente ses propres rapports rédigés lors de missions en Syrie.
L’une de ces enquêtes, dont les conclusions ont récemment été soumises au Conseil de sécurité, indique que du gaz sarin a été utilisé lors d’une attaque contre le village de Latamneh le 30 mars 2017.