Les nationalistes grecs se sont réunis dans la rue des Thessalonique

Près de 50.000 opposants se sont réunis dimanche après-midi à Thessalonique (nord), capitale de la Macédoine grecque.

Ils se prononcent au maintien du nom « Macédoine » dans la future appellation officielle de ce pays, alors qu’Athènes et Skopje multiplient les efforts diplomatiques pour régler cette vieille querelle.

Une nébuleuse de groupes nationalistes, dont beaucoup d’extrême droite, comme le parti néonazi Aube dorée, certains prêtres ou encore des délégations de la diaspora ont appelé à ce rassemblement.

Il y a sur place « environ 50.000 » personnes, a indiqué à l’AFP vers 12H00 GMT un porte-parole de la police, indiquant qu’il s’agissait d’une « première estimation ».

Un nombre qui dépasse les estimations des médias grecs, qui évoquaient ce week-end la participation d’environ 30.000 personnes à ce rassemblement, loin toutefois du million (un Grec sur 10) atteint en 1992, un an après l’indépendance de l’ancienne république yougoslave, quand cette crise diplomatique avait commencé.

Le rassemblement, dont certains membres vêtus de costumes traditionnels ou antiques, s’étendait sur une large portion du front de mer, autour de la statue d’Alexandre le Grand, le plus fameux roi de Macédoine antique (356-323 avant JC), fierté nationale grecque également revendiquée dans le pays voisin.

« La mobilisation du peuple a dépassé toutes les attentes », estimait auprès de l’AFP dès samedi Irini Leonardou, membre du comité organisateur du rassemblement. « Nous exigeons que le terme +Macédoine+ ne figure pas dans le nom sur lequel ils se mettront d’accord; et ce n’est pas négociable », a rappelé cette écrivain de 59 ans.

Le sujet empoisonne les relations entre les deux pays depuis 26 ans.

La Macédoine est déjà reconnue sous ce nom par des pays comme les Etats-Unis, la Chine, la Russie, ou le Royaume-Uni. Mais, outre la Grèce, pas par la plupart des pays européens, notamment la France et l’Allemagne, où elle est officiellement désignée comme « ARYM » (Ancienne république yougoslave de Macédoine).

– Revendication territoriale –

Surtout, la Grèce a mis son veto à l’entrée de son petit voisin du nord dans l’Otan et l’UE tant qu’il persistera à vouloir s’appeler simplement « Macédoine ».

Les Grecs craignent qu’en revendiquant cette appellation et l’histoire des grands rois Alexandre le Grand et son père Philippe – qui vivaient sur le territoire de l’actuelle province grecque de Macédoine -, Skopje n’ait aussi des visées territoriales sur le nord de la Grèce.

Cette fois, les deux Premiers ministres Zoran Zaev et Alexis Tsipras semblent décidés à avancer, et se verront la semaine prochaine au Forum de Davos.

Cette semaine, leurs émissaires ont rencontré à New York Matthew Nimetz, médiateur de l’ONU sur cette question, qui s’est déclaré « très optimiste sur le fait que le processus va dans une direction positive ».

« S’il y a l’opportunité d’une solution, ce serait une erreur nationale que de ne pas en profiter », a affirmé dimanche M. Tsipras dans le journal Ethnos, tout en « comprenant les inquiétudes et sensibilités » des Grecs.

Selon les médias macédoniens, M. Nimetz a mis sur la table cette semaine cinq propositions de noms, contenant toutes le mot Macédoine, comme « Macédoine du Nord » ou « Nouvelle Macédoine ».

Athènes est d’accord en principe sur une telle solution. Encore faudra-t-il voir jusqu’où elle exigerait que ce nom prévale. Les Macédoniens devraient-il par exemple se mettre à parler officiellement « le nord-macédonien? ».

C’est sur ce genre de questions que les discussions pourraient achopper.

En Grèce, l’allié de M. Tsipras et de son parti de gauche Syriza, le ministre de la Défense Panos Kammenos, et ses huit députés du parti nationaliste des Grecs indépendants (ANEL), sont opposés à tout nom comprenant le mot Macédoine. Mais M. Kammenos, « un homme honnête et un patriote », ne mènera pas de guerre de tranchées contre un tel compromis, a espéré M. Tsipras dans Ethnos.

Selon un sondage Alco pour la radio grecque 24/7, 63% des personnes interrogées estiment actuellement « qu’il est dans l’intérêt de la Grèce de rechercher une solution mutuellement acceptable ».