2018, l’année Clemenceau : l’homme qui voulait faire la paix

Le président Emmanuel Macron a décidé de faire de l’année 2018 « l’année Clemenceau ». Figure à la fois controversée et encensée de l’histoire politique française, pourquoi « le Tigre » est-il honoré cent ans après la fin de la Première Guerre mondiale ?

En novembre 1917, alors que la France est plongée dans la Première Guerre mondiale depuis plus de trois ans, Georges Clemenceau est nommé président du Conseil par le président de la République Raymond Poincaré. À la tête du gouvernement, le « Tigre » mène le pays vers la fin du conflit. Il y a gagne le surnom de « Père la Victoire ».

Cent ans après, le président Emmanuel Macron a décidé d’honorer sa mémoire : 2018 sera l’année Clemenceau. Récupéré par les politiques actuels, Georges Clemenceau n’en est pas moins une figure controversée. Dreyfusard flamboyant, opposant à la colonisation, anticlérical convaincu, tombeur de ministères, premier flic de France réprimant les grèves de mineurs, amoureux des arts, protecteurs des impressionnistes, l’ancien président du Conseil est un personnage complexe. Co-directrice du « Dictionnaire Clemenceau », Sylvie Brodziak, docteure en histoire à l’Université de Cergy-Pontoise, revient pour France 24 sur ses multiples facettes et la fascination qu’il exerce encore aujourd’hui.

Sylvie Brodziak : Clemenceau arrive en novembre 1917 avec un seul but, finir la guerre ou plus exactement faire la paix. Il est appelé par Raymond Poincaré, qui est en fait son ennemi idéologique. Ils ne s’entendent pas du tout, mais c’est un peu la dernière solution et finalement il va accepter ce poste de président du Conseil avec beaucoup de courage. C’est un monsieur qui a 76 ans et son but ultime c’est de faire cesser ce conflit au plus vite. Clemenceau fait preuve d’une grande obstination. Il va prendre les choses en main. Je ne vais pas parler à la place du président de la République, mais je pense que c’est sa détermination et son énergie qui sont honorées aujourd’hui par Emmanuel Macron. Georges Clemenceau n’a jamais été belliciste ou revanchard, mais il voulait travailler à une paix durable.

En quoi a-t-il été déterminant en 1918 ?

Son coup de maître, c’est le commandement unique. Il arrive à négocier avec l’Angleterre et les États-Unis et parvient à donner le commandement à une seule personne de façon à ne pas disperser les forces, le général Foch. Sa stratégie est de rassembler, pour travailler ensemble à obtenir la fin de ce conflit. Clemenceau est aussi soutenu par l’ensemble des forces politiques de l’époque, son arrivée au pouvoir a été totalement approuvée. Ce n’est pas l’homme providentiel, mais disons qu’il met en place une stratégie qui permet, comme il le dit, de faire la guerre, rien que la guerre.

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