Le mardi 23 janvier dernier, un adolescent de 15 ans a ouvert le feu dans un lycée du Kentucky, aux États-Unis. Son attaque a fait deux morts et une quinzaine de blessés.
Cette fusillade vient s’ajouter aux dix autres qui ont déjà eu lieu au sein d’établissements scolaires américains – ou dans leurs alentours – en trois semaines, et aux plus de 200 autres qui s’additionnent depuis 1999 et l’attaque de Columbine.
La classe politique ne reste pas pour autant inactive, souligne la BBC; quelques jours après les événements dans le Kentucky, le Sénateur Steve West proposait une loi pour que des policiers armés «patrouillent dans les écoles» de son État. Cette proposition en rejoint de nombreuses autres qui visent à armer toujours plus les établissements scolaires.
Les projets de loi dans cette direction se multiplient largement aux États-Unis. En novembre, rapporte Detroit News, une loi est passée au Michigan pour autoriser les professeurs de lycée comme de primaire à «porter une arme de poing en classe» – en la dissimulant, certes. Des projets dans la même veine sont en attente en Floride, en Indiana, au Mississipi ou encore en Caroline du Sud, signale la BBC. Et pas moins de neuf États ont d’ores et déjà levé l’interdiction des armes dans les lycées.
Derrière ces décisions se cache – à peine – le puissant lobby des armes, représenté essentiellement par la National Riffle Association, et dont le vice-président clame que «la seule façon d’arrêter un mauvais type avec une arme est un bon type avec une arme.» L’association joue notamment sur l’isolement de certaines écoles rurales, loin des postes de police, pour encourager les professeurs à s’armer.
Des opposants, tels que le sénateur Jim Ananich dans le Michigan, rétorquent :
«Des individus non entraînés sont plus susceptibles de tuer un passant, un policier ou un enfant.»
Mais certains professeurs reçoivent des entraînements, rapporte la BBC. Dans l’Ohio ou encore dans le Colorado, le personnel de lycées ou d’écoles reçoivent des cours, notamment pour «se préparer à la possibilité d’avoir à tuer l’un de leurs propres élèves.» Mais à raison de quelques heures, quelques jours au plus, cet entraînement est «largement insuffisant», juge Jim Ananich.
Seul point rassurant de cet engouement pour l’armement des écoles: les professeurs n’y semblent pas favorables. En tout cas, un sondage de l’Association de l’Éducation Nationale de 2013 montrait que seuls 22 % des professeurs aux États-Unis approuvaient l’idée d’armerle personnel, alors que 68 % y étaient fermement opposés. Dans une autre enquête réalisée la même année, 72 % des professeurs affirmaient qu’ils «ne porteraient pas d’arme même si la loi les y autorisaient.» Les plusieurs dizaines d’attaques et la politique de leur nouveau Président les auront-ils fait changé d’avis?