Les raids aériens turcs dans l’enclave d’Afrine ont endommagé un temple de 3.000 ans

 A part des victimes humaines, dont le nombre a surmonté des dizianes, l’armée turque faisant offensive contre Afrine, porte un grand malheur à la culture de cette région – partie du patrimoine mondial.

Un temple néo-hittite vieux de 3.000 ans a été endommagé par les frappes aériennes turques dans le nord de la Syrie.

Le temple d’Aïn Dara, qui date de « l’ère araméenne » (environ 1.300-700 avant J.-C.), se trouve dans l’enclave d’Afrine, cible depuis plus d’une semaine d’une offensive turque, et a été touché vendredi par des frappes aériennes, a précisé l’observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH). « L’ampleur des destructions est de 60% », estime le directeur de l’OSDH, Rami Abdel Rahmane. Le site de 50 hectares, découvert en 1982, est célèbre pour ses « lions en basalte, imposants et exceptionnels, et des fresques sculptées dans la pierre », indique l’ancien directeur général des Antiquités et Musées de Syrie, Maamoun Abdelkarim. « Trois mille ans de civilisation, détruits en une frappe aérienne », déplore l’expert contacté par l’AFP.

Condamnant « les attaques turques contre les sites archéologiques d’Afrine », la Direction générale des Antiquités et Musées a confirmé « la destruction du temple de Aïn Dara, l’un des édifices archéologiques les plus importants construits par les Araméens en Syrie », dans un message sur son site Internet. En Syrie, ravagée depuis 2011 par une guerre meurtrière, Ankara a lancé le 20 janvier une opération militaire avec des rebelles syriens alliés. L’objectif: chasser la milice kurde des Unités de protection du peuple (YPG) de la région d’Afrine, située à la frontière.

M. Abdelkarim n’hésite pas à comparer la destruction du temple d’Aïn Dara aux ravages infligés en 2015 par le groupe djihadiste Etat islamique (EI) à la ville de Palmyre, site antique de plus de 2.000 ans inscrit par l’Unesco au patrimoine mondial de l’humanité. Les djihadistes avaient notamment détruits à coups d’explosifs le temple de Bêl. « La destruction du temple de Aïn Dara, c’est le même niveau d’atrocité que le temple de Bêl », déplore M. Abdelkarim, précisant que le premier a été érigé huit siècles avant le second. M. Abdelkarim s’inquiète par ailleurs des combats provoqués par l’offensive turque dans le secteur de Jabal Samaan, où se trouvent des villages antiques datant du début du christianisme inscrits en 2013 sur la liste du patrimoine mondial en péril de l’Unesco. « Ces villages, qui datent du Ier au VIIe siècles, offrent un paysage et des vestiges particulièrement bien conservés: maisons d’habitation, temples païens, églises, citernes collectives, thermes », selon le site Internet de l’Unesco.