Cinq ans se sont écoulés depuis que le premier train de sanctions commerciales a été imposé par l’Union européenne à la Russie. En 2017, la France était son cinquième partenaire commercial européen avec un volume d’échanges en légère augmentation. État des lieux.
En 2017, la France rêve encore que les chiffres de son commerce extérieur avec la Russie, pays soumis à des sanctions sans cesse renouvelées, atteignent les 22,2 milliards de dollars de 2013. Selon les informations publiées par le Service Fédéral des Douanes, l’Hexagone est aujourd’hui le cinquième partenaire commercial européen de la Russie. Il a rétrogradé d’une place par rapport à l’année 2016. La froideur des chiffres ne dit pourtant pas tout, notamment pas que la France redresse doucement la barre.Globalement, l’Allemagne et les Pays-Bas demeurent les deux premiers partenaires commerciaux européens de la Russie. Leur position n’a guère changé au cours des deux dernières années (entre 30 et 44 milliards de dollars d’échanges avec la Russie pour l’Allemagne en 2016 et 2017, puis entre 29 et 35 milliards de dollars pour les Pays-Bas respectivement). La troisième place est occupée par la principale «rivale» commerciale de la France, l’Italie, qui ne cède pas un pouce de terrain avec quelque 18 milliards de dollars d’échanges avec la Russie en 2016 et 21 milliards déjà en 2017.
La France, quant à elle, ferme ce top-5 des partenaires européens de la Russie mais si, en 2016, elle occupait la quatrième place (11,8 milliards de dollars d’échanges), en 2017, elle glisse à la cinquième. Or, ce n’est pas dû aux flux commerciaux qui se sont ralentis, mais à la progression de la Pologne (11,6 milliards de dollars en 2016 contre 14 milliards de dollars en 2017). La France, en fait, améliore elle aussi son volume d’échanges avec 13,6 milliards de dollars l’année passée.D’après le Ministère de l’Europe et des Affaires étrangères, les sociétés françaises sont surtout présentes dans les domaines agroalimentaire, financier et bancaire, la distribution, l’énergie et l’industrie automobile.
Mais, revenons à l’Italie dont la position dans ce classement est stable. Rappelons toutefois qu’en 2013 elle pouvait se vanter d’un volume d’échanges avec la Russie de 53,9 milliards de dollars. Quels atouts lui permettent de maintenir son avance sur la France?
«Après que les sanctions ont été introduites en 2014, le milieu des affaires italien a été probablement le premier en Europe à s’adapter aux nouvelles conditions», estime le président de la Chambre de commerce italo-russe, Rosario Alessandrello.
«Le programme Made in Italy a été remplacé par celui Made with Italy[« Fait avec l’Italie » au lieu de « Fait en Italie »], on a commencé à mettre en place de nouvelles entreprises dans lesquelles l’utilisation des technologies italiennes combinées avec les matières premières russes a permis de produire des aliments, en premier lieu, et d’autres biens demandés sur le marché russe.»
En même temps, la péninsule s’est opposée à plusieurs reprises au prolongement automatique des mesures restrictives à l’encontre de la Russie, évaluant son propre dommage de l’embargo russe à environ 14 milliards de dollars et 200.000 emplois.Emmanuel Macron, ministre de l’Économie en janvier 2016, évoquait lui aussi une levée des sanctions avant l’été 2016, mais a semblé reculer un an plus tard. En janvier 2017, encore candidat à la présidentielle, il constatait un fossé entre les valeurs russes et françaises qui complique apparemment jusqu’à présent la compréhension mutuelle entre les deux pays, vu que la question est rarement évoquée depuis.