Alors que le Yémen est miné par plusieurs conflits simultanés, la militante yéménite et prix Nobel de la paix Tawakkol Karman, a été suspendue par le parti politique dont elle est membre.
La formation politique reproche à la jeune femme d’avoir formulé des critiques à l’égard de l’Arabie saoudite et des Emirats Arabes unis, les deux principaux belligérants au sein de la coalition arabe qui combat les rebelles chiites du Yémen depuis 2015.
« Une invasion et une influence détestables ». Tawakkol Karman emploie des mots très forts sur Twitter pour dénoncer l’intervention de la coalition arabe dans son pays. Figure du « printemps arabe », la militante politique qui vit aujourd’hui en exil, fut récompensée par le prix Nobel de la paix en 2011 pour son rôle dans les manifestations contre le président Ali Abdallah Saleh.
Tawakkol Karman est membre du parti islamiste al-Islah, une formation qui soutient le camp loyaliste dans la guerre contre la rébellion chiite des Houthis, même si les relations sont notoirement délicates entre al-Islah, lié aux Frères musulmans, et la coalition arabe qui bombarde les Houthis depuis 2015.
La lauréate du prix Nobel de la paix a donc choisi de dénoncer l’intervention de l’Arabie saoudite et des Emirats Arabes unis qui combattent au Yémen, au sein de la coalition. Elle qualifie au passage d’« esclaves » les dirigeants de son parti, ce qui lui vaut aujourd’hui d’être suspendue par les instances dirigeantes de la formation islamiste.
Dans un communiqué diffusé sur son site web, le parti a assuré que les déclarations de Tawakkol Karman ne représentaient pas sa position officielle. « Le secrétaire général a donc décidé de suspendre son appartenance conformément aux statuts du parti », a-t-il ajouté.
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