À seulement trois jours de l’ouverture des Jeux olympiques d’hiver, Bach a fait face à un barrage de critiques – mais aussi de soutien – de la part d’une centaine de membres du CIO, mardi, dans la foulée de la décision d’exclure de nombreux athlètes russes des Jeux de PyeongChang.
Deux membres – Richard Pound et Gerardo Werthein – ont eu un échange musclé sur le plancher de la grande salle de réunion, scène plutôt rare dans les cercles raffinés de l’organisme olympique.
Pound est le plus ancien membre actif du CIO, et il était parmi la douzaine et plus d’intervenants à s’exprimer sur ce qu’il a qualifié de «l’affaire de dopage russe». Pound est également l’ancien président de l’Agence mondiale antidopage.
«Je crois que dans l’esprit collectif d’une partie importante du monde, et parmi les athlètes du monde, le CIO a non seulement échoué à protéger les athlètes, mais a permis aux athlètes tricheurs de l’emporter sur les athlètes propres», a affirmé Pound, décrivant le milieu du CIO comme un «cocon douillet».
«Nous parlons davantage que nous agissons, a ajouté Pound. Les athlètes et le public en général… n’ont plus confiance dans la protection de leurs intérêts. Notre engagement envers les deux est remis en cause. En toute déférence, je ne pense pas que nous puissions nous sortir de ce problème.»
Werthein a sauté dans le débat, prenant le parti de Bach et s’exprimant immédiatement après Pound devant les 100 autres membres à l’écoute.
«Pour une raison ou une autre, si M. Pound n’est pas d’accord, alors c’est une erreur, a déclaré Werthein. Nous devons comprendre que ce n’est pas l’organisation de M. Pound. Mais c’est le CIO.»
Werthein ne s’est pas arrêté là, qualifiant certains des propos de Pound de «très injustes».
«Il fait des déclarations qui créent le doute, a ajouté Werthein. D’une certaine manière, cela discrédite le travail effectué au sein du CIO.»
Pound a ensuite demandé du temps pour offrir sa réponse. Et il a riposté.
«Je pense qu’il est extrêmement inapproprié de transformer cela en un « ad hominem » (une attaque personnelle), a affirmé Pound. Le fait que j’ai une opinion différente des autres… ne signifie pas que je n’ai pas droit à l’opinion. Je pense qu’il est très regrettable au sein d’une assemblée collégiale comme celle-ci de suggérer que je n’ai pas le droit de donner cette opinion.»
Au moment de cette joute oratoire entre Pound et Werthein, 32 athlètes russes ont déposé d’autres appels auprès du Tribunal arbitral du sport (TAS) pour obtenir leur place aux jeux. Les 32 ont échoué le contrôle du CIO et n’ont pas été invités à participer à l’événement.
La décision du TAS est attendue mercredi.
«D’aucune manière nous n’avons peur, a déclaré le porte-parole du CIO, Mark Adams. Nous attendons la décision demain. Nous sommes très confiants avec la position que nous avons prise.»
Le CIO s’attend à ce que 168 athlètes russes jugés «propres» participent aux Jeux sous la bannière des «athlètes olympiques russes», en l’absence de drapeaux nationaux, d’uniformes ou de logos nationaux.
Le sujet litigieux de l’exclusion russe et la façon dont elle a été gérée par le CIO menacent de faire ombrage aux Jeux eux-mêmes avec quelque 3000 athlètes attendus.
«Nous devons changer et apprendre de cette situation difficile», a déclaré Bach.
Le CIO espère mettre l’accent sur de bonnes nouvelles, car les athlètes nord-coréens et sud-coréens vont compétitionner côte à côte dans le cadre d’un accord symbolique visant à apaiser les tensions dans la péninsule coréenne.