Les USA et la Turquie se rapprochent dangereusement en Syrie

La Turquie menace de lancer une opération dans la ville syrienne de Manbij où sont concentrées des unités kurdes. C’est ce qu’a déclaré le vice-premier ministre turc Fikri Isik en insinuant qu’une ville à la population majoritairement arabe ne devait pas être dirigée par des représentants d’une autre ethnie.

Manbij pourrait être l’un des thèmes de la prochaine visite du conseiller du président américain pour la sécurité nationale Herbert McMaster à Ankara. Selon le quotidien Nezavissimaïa gazeta.

«Les Arabes représentent 95% de la population de Manbij. Nous ne permettrons pas de transmettre le contrôle de cette région aux terroristes qui agissent sous la forme des dites Forces démocratiques syriennes (FDS, alliance multiethnique autour d’un noyau kurde)», a déclaré Fikri Isik.

Ce dernier a noté que le gouvernement américain avait promis de faire sortir les FDS de Manbij. «Si Washington ne le faisait pas, la Turquie serait contrainte de prendre des mesures pour des raisons de sécurité nationale. J’espère que le bon sens prévaudra aux USA et qu’ils ne s’affronteront pas avec la Turquie dans la région», a poursuivi le vice-premier ministre. Le service de presse du président turc précise qu’Ankara fait tout pour rétablir les relations avec Washington, leur allié au sein de l’Otan.

La tension autour de Manbij et l’opération turque qui se poursuit dans l’enclave kurde d’Afrin (nord-ouest de la Syrie) seront les thèmes principaux de la visite d’Herbert McMaster en Turquie cette semaine. Le secrétaire d’État américain Rex Tillerson se rendra à Ankara juste après lui. Washington éprouve probablement des craintes par rapport à Manbij: toute tentative des Turcs de prendre cette ville déclencherait un affrontement avec les forces américaines qui s’y trouvent. Le général Joseph Votel, chef du commandement central de l’armée américaine, a déclaré que les forces américaines n’avaient pas l’intention de quitter cette région.

L’éventuelle opération turque à Manbij comporte des risques. Selon les experts, les démarches pour la prise de la ville ne pourraient qu’aggraver la situation en Syrie.

Anton Mardassov, expert de l’Institut d’étude des conflits au Moyen-Orient et du Conseil russe pour les affaires internationales, rappelle que les forces américaines comptent rester à Manbij. «Pour les USA, partir entraînerait une grande perte en matière d’image, notamment dans le contexte de la situation à Afrin. Cela serait considéré par les Kurdes comme une trahison et la perte d’un soutien fiable. Les Américains positionnent les FDS comme une structure à l’aide de laquelle il est possible de combattre Daech, l’influence iranienne, ainsi que forcer Damas à des compromis politiques», estime Anton Mardassov.

Fin janvier, le QG turc a annoncé le début de l’opération «Rameau d’olivier» contre les unités kurdes concentrées dans la région de l’enclave d’Afrin (nord-ouest de la Syrie). Les USA n’ont pas agi, prétextant qu’Afrin ne faisait pas partie de leur zone d’intérêts.

Les opinions exprimées dans ce contenu n’engagent que la responsabilité de l’auteur de l’article repris d’un média russe et traduit dans son intégralité en français.