La note démocrate confidentielle – qui rejette les accusations d’abus de pouvoir de la police fédérale et du ministère de la justicedans l’enquête sur l’affaire russe – ne connaîtra pas le même sort que le mémo des républicains. Le président américain Donald Trump a refusé vendredi 9 février de la publier.
Ce document « contient de nombreux passages classifiés et particulièrement sensibles », a fait valoir Don McGahn, conseiller juridique de la Maison Blanche, pour expliquer la décision du président dans un courrier adressé au président de la commission du renseignement de la Chambre des représentants. La perspective de sa divulgation suscite de « très sérieuses inquiétudes pour la sécurité nationale et les intérêts des forces de l’ordre ».
Pour Nancy Pelosi, cheffe de la minorité démocrate de la Chambre des représentants, ce refus constitue « une tentative particulièrement éhontée de dissimuler la vérité sur le scandale Trump-Russie au peuple américain » ; et « fait partie d’un scénario dangereux et désespéré de camouflage de la part du président ». « Le président a clairement quelque chose à cacher », assure-t-elle, questionnant : « Pourquoi le président ne place-t-il pas notre pays avant ses intérêts personnels et politiques ? »
Les démocrates ont demandé à ce que ce document soit rendu public dans la foulée d’une démarche similaire des républicains, qui ont obtenu gain de cause la semaine dernière avec la déclassification du « mémo Nunes ». Ce document, rédigé par des républicains du Congrès, décrit ce qu’ils considèrent comme un abus de pouvoir de la police fédérale (FBI) lors de la mise sur écoute à partir d’octobre 2016 de Carter Page, conseiller de Donald Trump durant la campagne présidentielle.
Depuis, les démocrates craignent que le « mémo Nunes » ne serve de prétexte pour renvoyer des responsables du FBI et du ministère de la justice, et ainsi entraver le procureur spécial Robert Mueller. Ce dernier enquête sur l’ingérence de la Russie dans l’élection présidentielle de 2016 et sur une éventuelle collusion entre Moscou et l’équipe Trump pour le faire gagner.
Le chef du FBI Christopher Wray et le numéro deux du ministère de la justice Rod Rosenstein ont avancé le même type d’arguments dans une lettre distincte se disant inquiets pour « la protection des sources et méthodes du renseignement, les enquêtes en cours et d’autres informations sensibles similaires » si le document devenait public.
Le ministère et le FBI s’étaient déjà inquiétés de la publication du « mémo Nunes » mais le président Trump en avait malgré tout autorisé la diffusion. Dans son courrier, Don McGahn affirme que le chef de l’Etat a demandé au ministère de la justice de se tenir à la disposition de la commission du renseignement de la Chambre pour examiner la note démocrate et tenter, s’ils le souhaitent, d’« atténuer les risques » liés à son éventuelle publication.