Selon un recensement de 2017 de l’Etat-major opérationnel de prévention du terrorisme, qui contrôle le suivi des personnes radicalisées, cité par Mediapart, 59 islamistes radicaux travaillaient cette année ou ont travaillé dans le nucléaire.
Les chiffres font l’effet d’une déflagration : selon l’Etat-major opérationnel de prévention du terrorisme (EMOPT), organisation chargée de contrôler le suivi des personnes radicalisées, 59 islamistes radicaux travaillant ou ayant travaillé dans la filière nucléaire ont été recensés en 2017.
Mediapart, qui a révélé cette information troublante le 6 février 2018, a précisé où ces individus étaient employés. Une vingtaine de sites appartenant à EDF et à ses sous-traitants, des prestataires d’Areva, le CERN (l’Organisation européenne pour la recherche nucléaire) et l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) seraient touchés. Le journaliste auteur de l’enquête précise qu’une quinzaine de personnes ayant accès à des sites dits sensibles, ainsi qu’une dizaine d’ingénieurs et de chercheurs faisaient partie de ces islamistes.
Interrogé sur le sujet par Mediapart, un «grand ponte des services de renseignement» a minimisé la menace que pourraient faire peser ces islamistes. «Les métiers liés au nucléaire ne sont pas une préoccupation majeure. Bien sûr, nous surveillons cela mais nous n’avons pas détecté d’individus extrêmement dangereux. Et au moindre doute, les habilitations sont retirées», tempère l’intéressé.
Ces 59 islamistes radicaux ont été épinglés pour des faits de prosélytisme ou des comportements communautaristes et, dans certains cas, pour «apologie» ou «indiscrétions professionnelles», selon le site d’investigation.
Créé en juin 2015, l’EMOPT est directement rattaché au cabinet du ministre de l’Intérieur. Il a pour rôle de coordonner, d’animer et de contrôler à l’échelon central le suivi des personnes radicalisées pour s’assurer que celui-ci est bien effectif. Il rassemble des représentants de tous les services impliqués dans la lutte contre le terrorisme.