Henrik de Danemark est décédé mardi soir à 83 ans sans avoir jamais coiffé la couronne royale après ses noces avec l’héritière du trône danois, Margrethe.
Né Henri Marie Jean André de Laborde de Monpezat, Henrik s’est éteint à 23h18 entouré de sa femme et de leurs deux fils, a annoncé le palais royal mercredi. Depuis le 1er janvier 2016, Henrik était retraité, libéré de ces obligations officielles qu’il honorait diversement selon son humeur: il semblait parfois s’y ennuyer royalement mais boudait comme un enfant s’il n’était pas convié. « Les controverses ont marqué son histoire au Danemark et sa relation avec la population danoise« , selon sa biographe Stephanie Surrugue.
En avril 2015, il s’était fait porter pâle lors des célébrations du 75e anniversaire de la reine, mais avait été perçu à Venise quelques jours après, s’attirant railleries et foudres de la presse à grand tirage. Et l’été dernier, il avait publiquement fait savoir qu’il refusait d’être inhumé avec sa femme dans la nécropole royale de la cathédrale de Roskilde, comme le sont traditionnellement les couples royaux. N’ayant pas obtenu le titre et la fonction qu’il convoitait, il arguait qu’il n’était pas son égal dans la vie et ne souhaitait pas l’être dans la mort.
Né le 11 juin 1934 à Talence, près de Bordeaux (sud-ouest de la France), le jeune et fringant comte avait épousé en juin 1967 Margrethe, couronnée en janvier 1972.
Henri de Laborde de Monpezat passe ses premières années en Indochine où son père administre les plantations familiales. La guerre les chasse définitivement du Vietnam, même s’il reviendra passer son bac à Hanoï. Après des études de sciences politiques, de vietnamien et de chinois, il embrasse la carrière diplomatique. C’est en poste, à Londres, qu’il rencontre Margrethe, alors héritière de la couronne danoise.
« J’étais différent »
En l’épousant, il change de prénom, renonce à sa nationalité française pour devenir danois et abjure sa foi catholique pour le protestantisme. Surtout, il se résigne bon gré mal gré à mettre ses pas dans ceux de Margrethe, que ses sujets adorent. « J’accepte de jouer le jeu. Mais c’est très dur pour un homme de ne pas être considéré sur le même plan que son épouse« , admet-il dans ses mémoires, Destin oblige, publiés en 1997.
D’autant plus dur que le « Français », amateur de rimes, de vins boisés et de bonne chère, incarnation de l’arrogance méridionale en terre luthérienne, met du temps avant de se faire accepter. « Tout ce que je faisais était critiqué. Mon danois était bancal. Je préférais le vin à la bière, les chaussettes en soie aux chaussettes en tricot, les Citroën aux Volvo, le tennis au football. J’étais différent« .
Ce n’est qu’en 1984, douze ans après l’accession au trône de son épouse qu’il obtient son propre apanage, prélevé sur celui de la Reine.
Quelque 13 ans plus tard, il remplace pour la première fois la souveraine, malade, lors d’une visite au Groenland. « J’étais en première ligne! Je n’étais plus l’ombre, le deuxième, la silhouette, le clown, le toutou!« , s’était-il amusé par la suite.
En 2002, nouveau drame: la reine Margrethe grippée demande au prince héritier, Frederick, de la remplacer pour la lecture des vœux. Ni une ni deux, le prince-consort quitte Copenhague furieux pour se réfugier dans sa propriété vinicole de Cayx (ou Caïx) dans le Lot.
Henrik, également sculpteur, a publié plusieurs recueils de poésie, dont certains ont été illustrés par Margrethe, peintre et plasticienne respectée.