Depuis 1999 des Kurdes de toute l’Europe manifestent pour réclamer la libération de leur chef historique emprisonné en Turquie. Cette année, ils protestaient aussi contre l’offensive turque à Afrine, en Syrie.
Quelque 11 000 Kurdes selon la police, et entre 25 000 et 30000 personnes selon les organisateurs ont défilé samedi à Strasbourg (Bas-Rhin) pour réclamer, comme chaque année, la libération de leur chef historique Abdullah Öcalan, emprisonné en Turquie. Mais cette année, la situation en Syrie s’est invitée dans le cortège. En janvier, la Turquie a lancé une offensive dans l’enclave kurde d’Afrine, dans le nord syrien.
Ce grand rassemblement de Kurdes, venus pour beaucoup d’Allemagne et de Belgique, se tient à Strasbourg, ville du Conseil de l’Europe et de la Cour européenne des droits de l’Homme, chaque année depuis l’arrestation en 1999 d’Abdullah Öcalan. Le chef de la rébellion kurde du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) est détenu sur l’île-prison d’Imrali, située au large d’Istanbul. Il avait appellé en 2015 à déposer les armes et des négociations avaient été amorcées avec le président turc islamo-conservateur Recep Tayyip Erdogan. Mais elles se sont rapidement soldées par un échec.
« Je suis là pour deux raisons : la première est l’emprisonnement du dirigeant du PKK et à cause de cette ville kurde qui est bombardée par les Turcs », expliquait Newroz, 27 ans, venue de Fribourg dans l’ouest de l’Allemagne, avec sa sœur et des amis.
«Erdogan, dictateur à 100 %»
Ankara a déclenché le 20 janvier une offensive sur Afrine contre la milice kurde des Unités de protection du peuple (YPG) qualifiée de « terroriste » par la Turquie mais alliée des Etats-Unis dans la lutte contre Daech.
Dans le cortège, des banderoles réclamant en anglais à l’ONU « de prendre (sa) responsabilité et d’arrêter le génocide à Afrine » côtoyaient celles arborant la photo du leader moustachu du PKK.
Ökce, 58 ans, Allemand de Rhénanie-du-Nord-Westphalie, participe également chaque année à la grande marche de Strasbourg. Selon lui, « Erdogan est un dictateur à 100 %, chaque Européen doit le savoir ».
La situation en Turquie « devient sans cesse pire », estime celui qui habite en Allemagne depuis 25 ans mais retourne régulièrement en Turquie et regrette trop peu de réactions de l’Union européenne.