Les Jeux olympiques 2018 passeront à l’Histoire. Pendant que les athlètes s’évertuaient à donner vie à leurs espoirs, les regards étaient braqués vers Kim Yo-jong, la sœur du dictateur nord-coréen, Kim Jong-un, en visite à Pyeongchang.
Son opération de charme a connu un succès phénoménal. En quelques apparitions à peine, Madame Kim a subjugué la presse mondiale, laquelle a présenté la Corée du Nord sous son meilleur jour et mis l’accent sur le sourire et la beauté de sa représentante.
SOURIRE
Constater la vitesse à laquelle certains médias perdent l’esprit critique devant un sourire, même glacial, est déconcertant.
Pourtant, les circonstances invitaient à l’extrême prudence.
En outre, Madame Kim est directrice du département de la Propagande et chargée du culte de la personnalité du leader nord-coréen. Son gouvernement a organisé un défilé militaire la veille des JO afin d’exhiber son artillerie et de rappeler à la planète ses ambitions balistiques et nucléaires. Il y a quelques semaines à peine, Kim Jong‐un menaçait ouvertement les États-Unis et la Corée du Sud d’une attaque atomique. Sans oublier que la Corée du Nord est un régime autoritaire qui tyrannise et affame sa population.
Dans ce contexte, toute banalisation, voire « normalisation », du régime nord-coréen est abjecte. Aussi charmante que puisse être Madame Kim, passer sous silence la mégalomanie de son frère et la menace qu’il représente, c’est cautionner un gouvernement qui cultive l’art de la défiance, et c’est abandonner à leur triste sort les victimes de l’une des pires dictatures de l’histoire contemporaine.
MAESTRIA
Les compétitions ne sont pas terminées, mais Madame Kim est déjà la grande gagnante des Jeux de Pyeongchang. Avec maestria, elle a remporté la médaille d’or de la propagande. Devant pareil exploit, elle et son frère sont certainement hilares. Dommage que tous ces commentateurs béats devant Madame Kim ignorent qu’ils sont les dindons de la farce.