Des kilomètres de bouchons avant de pouvoir traverser la Manche sans parler des des centaines de tonnes de produits frais qui risquent de pourrir sur place…
C’est ce qui pourrait se produire aux frontières européennes si Londres ne parvient pas à négocier un nouvel accord avec l’UE après la Brexit. Un véritable cauchemar pour des milliers d’entreprises.
A ce stade, le Royaume-Uni juge « prudent de se préparer à toute éventualité ». Sous-entendu : au retour des contrôles physiques des douaniers.
Pour éviter une paralysie des échanges commerciaux, plusieurs pistes sont à l’étude mais le ministre des Finances britannique Philip Hammond a déclaré qu’il attendrait jusqu’au » dernier moment » (l’issue des négociations avec les Européens) avant de débloquer l’argent nécessaire pour financer des plans d’urgence.
En attendant, 250 millions de livres sterling ont déjà été budgétés. Mais le coût pourrait être beaucoup plus important : récemment, John Thompson, le chef britannique de la direction des taxes et des douanes (HMRC) a déclaré lors d’une audition à la Chambre des communes qu’en cas de non accord avec les Européens, il faudrait non seulement investir entre 300 millions et 450 millions de livres sterling mais l’Etat devrait recruter entre 3 000 et 5 000 personnels supplémentaires.
Face à autant d’incertitudes, plusieurs pays européens ont décidé de prendre les devants.
Le gouvernement néerlandais prévoit d’embaucher au moins 750 nouveaux agents des douanes pour préparer la sortie du Royaume-Uni de l’UE. Dans une lettre adressée au Parlement, le secrétaire d’Etat aux Finances Menno Snel a déclaré qu’il fallait commencer à recruter et à former davantage de travailleurs, ajoutant qu’entre 750 et 930 employés à plein temps seraient nécessaires.
Le gouvernement néerlandais dit travailler sur deux scénarios possibles – l’un où aucun accord n’est conclu, et l’autre où les termes sont fixés sont similaires à l’accord commercial de l’UE avec le Canada.
Pour un pays ouvert au commerce comme les Pays-Bas (via notamment le port de Rotterdam), les douanes ne peuvent tout simplement pas se permettre de ne pas travailler, ce serait un désastre « , a déclaré Pieter Omtzigt, rapporteur Brexit du Parlement néerlandais. « Si nous avons besoin de centaines de nouveaux inspecteurs des douanes et de l’agriculture, les Britanniques vont en avoir besoin de milliers », a-t-il ajouté.
La France intensifie également le recrutement de centaines d’agents douaniers supplémentaires avant le Brexit. Un rapport du Sénat français sur le budget 2018 qui vient d’être publié indique que la sortie du Royaume-Uni de l’UE début 2019 « se manifestera par le rétablissement des formalités et des contrôles sur les marchandises et les passagers à travers l’ensemble des douanes françaises », notant que la France représente environ 85 % des liaisons routières du Royaume-Uni avec l’Union européenne.