Le Préfet Gilles Clavreul, proche de Manuel Valls a remis, jeudi, au ministère de l’Intérieur, un rapport sur la laïcité dans lequel il estime que « dans les lieux où la population musulmane est présente, le rapport à la République se tend », s’attirant les foudres des militants contre l’islamophobie.
Le rapport commandé à Gilles Clavreul sur la laïcité était très attendu par le gouvernement qui doit, par ailleurs, dévoiler vendredi son nouveau plan de lutte contre la radicalisation.
La publication, jeudi, dans la presse française, d’éléments contenus dans ce rapport a provoqué un tollé dans les milieux militants, notamment sur les réseaux sociaux où l’Observatoire de la laïcité présidé par Jean-Louis Bianco a également réagi.
L’étude aurait été menée pendant plusieurs mois dans les quatre coins de la France et vise à établir un état des lieux de la laïcité sur le territoire national.
Dans le rapport qu’il a remis à Gérard Collomb, ministre de l’Intérieur, le Préfet Clavreul fait 5 propositions.
Il voudrait rendre obligatoire « une formation laïcité pour tous les agents de l’État d’ici à 2020 », « conditionner l’examen de subvention ou d’un emploi aidé à l’engagement de suivre une formation sur les valeurs de la République et la laïcité », » renforcer les exigences de formation à la laïcité et aux valeurs de la République du brevet d’aptitude à la fonction d’animateur (Bafa) », « réaliser une cartographie des situations problématiques », et enfin « établir un corps de doctrine de la laïcité ».
Pour justifier ses suggestions, le Préfet Clavreul affirme un certain nombre d’éléments orientés dans leur quasi-totalité sur la religion musulmane.
Le rapport mentionne que « dans les lieux où la population musulmane est présente, le rapport à la République se tend sous l’effet d’une foi de plus en plus revendiquée ».
On y apprend notamment que des assistantes maternelles refuseraient de remettre des enfants à leurs pères, ou encore que des auxiliaires de puériculture feraient du prosélytisme.
Le site d’information Al-Kanz a réagi sur son compte Twitter en estimant que ces accusations relèvent d’un « procédé systématique : exemples avancés sans jamais citer qui, où et quand », craignant même que les éléments contenus dans ce rapport puissent « réouvrir la chasse aux nounous musulmanes ».
Pour le politologue Philippe Marlière, « le rapport Clavreul est une manipulation incroyable » destinée à « délégitimer la lutte contre le racisme et de la remplacer par un agenda laïco-républicain frelaté et liberticide, pour servir les combats anti-Islam et anti-hijab de Clavreul ».
En fin de journée c’est l’Observatoire de la laïcité, dépendant directement du gouvernement français, qui a réagi sur les réseaux sociaux via un communiqué.
Présidé par Jean-Louis Bianco, l’Observatoire déplore que ce rapport « ne repose que sur des dizaines de témoignages » et « méconnaît plusieurs actions déjà mises en œuvre par les pouvoirs publics ».
Pour rappel, Gilles Clavreul, proche de Manuel Valls est l’un des fondateurs du Printemps Républicain, officine qui plaide pour une laïcité de restriction tendant à invisibiliser l’Islam à travers, notamment, l’interdiction du voile.