Le ministre roumain de la Justice Tudorel Toader a lancé jeudi une « procédure de révocation » de la cheffe du parquet anticorruption (DNA) Laura Codruta Kovesi, portant à son comble la tension entre la majorité de gauche et le pouvoir judiciaire.
Lors d’une conférence de presse, le ministre a accusé Mme Kovesi, 44 ans, l’une des personnalités les plus populaires de Roumanie, d’avoir « enfreint » la Constitution et « nui à l’image » du pays à l’étranger.
« La lutte anticorruption ne peut masquer des comportements non constitutionnels, illégaux, diffamatoires à l’adresse de responsables d’institutions publiques », a affirmé M. Toader, évoquant des « faits intolérables ».
« Je déclenche la procédure de révocation de la cheffe du DNA », a annoncé ce ministre sans étiquette du gouvernement à majorité sociale-démocrate (PSD).
Selon la loi, il appartient toutefois au président de centre droit Klaus Iohannis, à couteaux tirés avec le gouvernement, de trancher sur un limogeage de cette magistrate en poste depuis 2013.
M. Iohannis, qui a toujours pris la défense de Mme Kovesi, a rapidement réagi, rappelant dans un communiqué s’être « à plusieurs reprises déclaré content de l’activité du DNA et de sa direction, un point de vue qu'(il) maintient ».
Environ 2.000 personnes, selon les médias, sont descendues dans la rue à Bucarest et dans d’autres grandes villes aussitôt après l’annonce du ministre pour exprimer leur soutien à Mme Kovesi, devenue le symbole de la lutte anticorruption dans le pays.
Les partis d’opposition de centre droit ont pour leur part demandé la démission de M. Toader, l’accusant de s’être « placé du côté des délinquants ».
Le PSD s’est en revanche félicité de la décision du ministre, « basée sur des arguments clairs et solides ».