Manifestation anticorruption en Roumanie

Des milliers de Roumains ont bravé le froid et la neige dimanche à Bucarest et dans plusieurs grandes villes pour exprimer leur soutien à la cheffe du Parquet anticorruption (DNA) Laura Codruta Kovesi, dont le gouvernement de gauche veut la tête.

« Codruta, n’oublie pas, nous sommes à côté de toi », et « Justice, pas corruption », ont scandé les manifestants – environ 3.000, selon l’agence publique Agerpres – rassemblés à Bucarest, devant le siège du gouvernement.

Des centaines de personnes ont également manifesté à Timisoara (ouest), Cluj (nord-ouest), Sibiu et Brasov (centre).

« Le DNA doit continuer à faire son boulot, en revanche le ministre de la Justice doit partir », a déclaré à l’AFP un informaticien bucarestois, Serban Alexe.

Le ministre Tudorel Toader a lancé jeudi une « procédure de révocation » de Mme Kovesi, l’accusant d’avoir « enfreint » la Constitution et « nui à l’image » du pays à l’étranger.

Selon la loi, il appartient au président de centre droit Klaus Iohannis, à couteaux tirés avec le gouvernement, de trancher sur un limogeage de Mme Kovesi.

Cette magistrate âgée de 44 ans, l’une des personnalités les plus populaires du pays, est devenue la bête noire d’une partie de la classe politique en raison des nombreuses enquêtes menées par le DNA contre des élus locaux et nationaux.

Plus de 87.000 personnes ont par ailleurs signé une pétition en ligne appelant le président Iohannis à ne pas révoquer Mme Kovesi.

« Nous vous exhortons à vous ranger du côté de la justice et non du côté de ceux qui se sentent menacés par la lutte anticorruption », ont écrit les auteurs de cette pétition.

Depuis leur retour au pouvoir en décembre 2016, les sociaux-démocrates, dont plusieurs élus sont visés par la justice, ont tenté d’assouplir la législation anticorruption, déclenchant une vague de contestation sans précédent depuis la chute du régime communiste fin 1989.