Dimanche, près de 10.000 personnes, selon la police, ont manifesté à Bruxelles pour témoigner leur solidarité avec les migrants et réclamer au gouvernement belge une politique migratoire « plus humaine ».
« Nous demandons uniquement plus d’humanité », a déclaré l’un des organisateurs Mehdi Kassou, cité par l’agence Belga.
M. Kassou est le porte-parole de la « Plateforme citoyenne pour l’accueil des réfugiés », qui organise depuis des mois l’hébergement en Belgique par des milliers citoyens volontaires d’exilés non candidats à l’asile ou sans solution de logement.
Ce collectif comptait parmi la douzaine d’associations et d’ONG ayant appelé à défiler, avec entre autres la Ligue des droits de l’Homme (LDH) ou Médecins du Monde Belgique.
« Si un deuxième Calais ne s’est pas créé à Bruxelles, c’est uniquement grâce aux citoyens et non à ce gouvernement », a souligné Alexis Deswaef, président de la LDH.
« Ce gouvernement se laisse emporter par un parti identitaire et nationaliste, mais l’opposition se renforce », a-t-il ajouté en prenant pour cible la N-VA (nationalistes flamands), formation qui est le pilier de la coalition de centre-droit actuellement au pouvoir.
Dans le viseur des manifestants figurait un projet de loi à l’étude au Parlement visant à permettre à un juge d’ordonner, en dernier recours, une visite du domicile d’un particulier afin d’interpeller un migrant faisant l’objet d’un ordre de quitter le territoire.
Ce texte, porté notamment par le ministre de l’Intérieur Jan Jambon (N-VA), a suscité des réactions indignées et divisé jusqu’au sein même de la majorité conduite par le Premier ministre Charles Michel, un libéral francophone.
Le ministre des Affaires étrangères Didier Reynders, issu du même parti que le Premier ministre, a laissé entendre ce week-end que le projet de loi serait amendé avant d’être débattu en séance plénière par les députés.
« S’il y a des inquiétudes, on doit peut-être, par amendement, préciser qu’il n’y a aucune mise en cause des hébergeurs et de toute personne qui apporte une aide humanitaire », a déclaré le reponsable au quotidien Le Soir samedi.
« Le gouvernement ne veut peut-être pas criminaliser la solidarité, mais il veut la punir par des perquisitions et des raids policiers », a accusé dimanche Mehdi Kassou.
« Au lieu d’investir uniquement dans des actions policières, il ferait mieux d’investir dans l’accueil et ne pas uniquement dire qu’il n’y a pas de solution politique possible », a-t-il poursuivi.
La manifestation se tenait dans le quartier de la gare du Nord et du parc Maximilien, principal point de convergence à Bruxelles de centaines de migrants – en bonne partie soudanais et érythréens – en transit vers le Royaume-Uni.