La Turquie a accusé aujourd’hui la présidence française d’avoir « manqué de franchise » en affirmant qu’Emmanuel Macron avait dit lors d’un entretien téléphonique avec Recep Tayyip Erdogan que la trêve réclamée par l’ONU en Syrie concernait aussi l’offensive d’Ankara dans ce pays.
Selon l’Elysée, Macron a déclaré lors d’un entretien lundi avec son homologue turc que la trêve demandée par le Conseil de sécurité de l’ONU devait également s’appliquer à la région d’Afrine (nord-ouest de la Syrie), où Ankara mène une offensive depuis un mois.
Une version contredite aujourd’hui par le ministère turc des Affaires étrangères: « contrairement au communiqué publié par le bureau du président français (…), le président Macron n’a pas évoqué Afrine lorsqu’il a parlé de la résolution de l’ONU », a ainsi soutenu le porte-parole du ministère turc des Affaires étrangères, Hami Aksoy. Aksoy a déclaré que l' »écart » qu’il y a selon lui entre le contenu de l’entretien téléphonique et le communiqué français « signale un manque de franchise » de Paris, ajoutant qu’il était « malvenu de ne pas informer correctement le public ». Le porte-parole du ministère turc des Affaires étrangères a indiqué qu’Ankara a transmis sa réaction aux autorités française.
Le Conseil de sécurité de l’ONU a adopté samedi à l’unanimité une résolution réclamant « sans délai » un cessez-le-feu humanitaire d’un mois sur l’ensemble de la Syrie, en réaction notamment à la mort de centaines de civils dans des bombardements du régime syrien sur un fief rebelle. La Turquie a salué l’adoption de cette résolution, mais estime qu’elle ne concerne pas l’offensive qu’elle mène depuis le 20 janvier à Afrine contre la milice kurde des Unités de protection du peuple (YPG). Toutefois, la porte-parole du département d’Etat américain Heather Nauert a assuré mardi le contraire et « encouragé la Turquie à relire la résolution ». Des propos qui ont fait sortir Ankara de ses gonds.
Rejetant des déclarations « sans fondement », le porte-parole du ministère turc des Affaires étrangères a appelé mercredi Washington à « s’efforcer de stopper les attaques du régime syrien contre des civils innocents, au lieu de faire des déclarations en soutien aux terroristes ». Fin janvier, la Turquie avait déjà contesté un compte-rendu publié par la Maison Blanche après un entretien téléphonique entre M. Erdogan et Donald Trump quelques jours après le début de l’offensive à Afrine.