Brexit : tensions entre Londres et Bruxelles à propos de l’Irlande du Nord

Le projet de traité de divorce entre l’UE et le Royaume-Uni dévoilé mercredi par Bruxelles a provoqué une vive réaction de Theresa May au sujet du futur statut de l’Irlande du Nord.

Les négociations du Brexit doivent passer à la vitesse supérieure, a lancé, mercredi 28 février, l’Unioneuropéenne à l’adresse de Londres en dévoilant une ébauche de leur traité de divorce, mais des passages de ce texte concernant la question de la frontière irlandaise ravivent les tensions.

La première version de 120 pages du traité scellant le Brexit présentée par le négociateur en chef des Européens, Michel Barnier, traduit en langage juridique les compromis parfois ambigus conclus en décembre dans plusieurs dossiers clés, dont les droits des expatriés et la facture du divorce.

« Si nous voulons réussir cette négociation, et je veux la réussir, nous devons accélérer », a insisté Michel Barnier, rappelant qu’il ne restait plus que 13 mois avant la date du Brexit, qui sera effectif le 30 mars 2019. Un prochain cycle de négociations a été programmé la semaine prochaine, a-t-il précisé.

Michel Barnier a également détaillé certains passages du texte de retrait publié mercredi – et qui reste à discuter entre les 27 avant d’être soumis à Londres –, dont une partie particulièrement sensible concernant la frontière irlandaise après le Brexit.

Dans son projet de traité, Bruxelles propose qu’en l’absence d’autre solution proposée, « un espace règlementaire commun » incluant l’UE et la province britannique serait mis en place, « sans frontières intérieures ».

Mais un tel scénario semble incompatible avec les lignes rouges de Londres, qui veut quitter le marché unique et l’Union douanière, et éviter toute « barrière réglementaire » entre l’Irlande du Nord et le reste du Royaume-Uni.

Le Royaume-Uni n’acceptera « jamais » la remise en cause de son « intégrité », a aussitôt réagi la Première ministre britannique Theresa May devant les députés britanniques au sujet de propositions européennes pour éviter le retour d’une frontière « dure » entre l’Irlande et l’Irlande du Nord.

« Le projet d’accord publié par la Commission, s’il est mis en œuvre, nuirait au marché commun britannique et menacerait l’intégrité constitutionnelle du Royaume-Uni en créant une frontière douanière et réglementaire en mer d’Irlande », a sèchement rétorqué Theresa May. « Aucun Premier ministre britannique ne l’acceptera ».

« Je ne cherche à provoquer personne. Je connais l’ordre institutionnel ou constitutionnel du Royaume-Uni, et nous devons tous le respecter », a affirmé de son côté Michel Barnier. « Nous essayons de manière pratique et pragmatique dans le cadre des lois de trouver des solutions », a-t-il plaidé.