Une proposition d’une secrétaire d’Etat social-démocrate visant à réécrire l’hymne national allemand, jugé sexiste, a fait polémique lundi, particulièrement dans le camp conservateur.
Dans une lettre interne, Kristin Rose-Möhring, secrétaire d’Etat à la Condition féminine, suggère de modifier le mot utilisé pour parler de la patrie, « Vaterland », car littéralement il signifie « Père patrie ». A sa place, elle propose « Heimatland », terme difficilement traduisible désignant le chez-soi.
Un peu plus loin dans l’hymne elle veut également remplacer « fraternellement », qui ne fait référence donc qu’à des « frères », par « courageusement ».
« Pourquoi ne pourrions-nous pas +dé-genrer+ notre hymne national? », interroge-t-elle dans ce document rédigé en amont de la Journée internationale des droits des femmes du 8 mars, selon le journal Bild.
La responsable cite en exemple le Canada qui début février à modifier un passage du chant « Oh Canada » au nom de l’égalité des sexes.
Mais en Allemagne, cette proposition de modifier le texte de l’écrivain August Heinrich Hoffmann von Fallersleben en 1841 a provoqué un tollé chez les conservateurs.
« J’aurais pensé à d’autres thèmes plus importants pour les femmes que de changer l’hymne national », a estimé sur Twitter Julia Klöckner, proche de la chancelière Angela Merkel.
« Je suis une femme émancipée et je ne me suis jamais sentie exclue par cet hymne », a jugé lors d’une conférence de presse Annegret Kramp-Karrenbauer, numéro deux du parti conservateur, la CDU.
Par l’entremise de son porte-parole, Angela Merkel s’est elle dit « très satisfaite de l’hymne actuel ».
« Bas les pattes! », a réagi pour sa part l’extrême droite Alternative pour l’Allemagne (AfD), « nous voulons garder notre patrie dans les chansons faisant partie de la culture allemande et dans la vraie vie ».
Cette polémique intervient quelques jours après celle lancée par l’AfD en demandant d’inscrire l’allemand comme langue unique de l’Allemagne dans la Loi fondamentale afin de contrecarrer l’influence prétendument grandissante de l’anglais et de l’arabe dans le pays.
Ce parti se pose en héraut de la lutte contre le politiquement correct aussi bien concernant l’immigration que sur la sexualité et l’égalité homme-femme. Il s’est ainsi régulièrement retrouvé accusé de dérive homophobe, raciste ou sexiste.