Affaire russe : une prostituée biélorusse affirme détenir des preuves

En échange de preuves de l’ingérence russe dans la présidentielle américaine, Anastasia Vachoukevitch, 28 ans, faisant de la prostitution, demande la protection des États-Unis.

La jeune femme, qui se décrit volontiers comme une « chasseuse d’oligarques », a été arrêtée le 25 février à Pattaya, station balnéaire du sud de la Thaïlande. Avec une dizaine de Russes et Ukrainiens, elle y animait un séminaire de sexologie sans permis de travail.  La Biélorusse est toujours en détention en raison d’un problème de visa mais elle pourrait bientôt être expulsée dans son pays ce qu’elle redoute.

Car la jeune femme, par ailleurs auteur d’un livre expliquant comment séduire des hommes riches, se trouve là-bas au cœur d’une polémique après la diffusion d’une vidéo compromettante par l’opposant russe, Alexeï Navalny. Ce dernier accuse l’oligarque Oleg Deripaska, magnat de l’aluminium, d’avoir versé un pot-de-vin au vice-premier ministre russe, Sergueï Prikhodko. Il s’appuie notamment sur des vidéos publiées par Anastasia Vachoukevitch sur Instagram. Celles-ci montraient les deux hommes en août 2016 à bord d’un yacht mouillant dans les eaux norvégiennes. Mais l’affaire pourrait aller plus loin : « Ils parlaient des élections [présidentielles américaines]. Deripaska avait un plan pour ces élections », confie l’« escort girl » biélorusse au New York Times.

Le nom d’Oleg Deripaska apparaît déjà, aux États-Unis, dans les dossiers du procureur spécial, Robert Mueller. L’intéressé, dont la holding Rusal a été introduite à la Bourse de Londres en novembre dernier, fait partie des oligarques qui se sont enrichis dans les années ayant suivi la chute de l’URSS. Resté proche de Vladimir Poutine, sa fortune est évaluée à plus de six milliards de dollars. L’oligarque fut aussi un proche de l’ex-directeur de campagne de Donald Trump, Paul Manafort, inculpé dans l’enquête sur l’implication russe dans la présidentielle américaine. Oleg Deripaska a offert de collaborer à cette enquête, assurant disposer de « preuves » montrant que la Russie n’a pas aidé à faire élire Donald Trump.

Anastasia Vachoukevitch assure pour sa part disposer de plus de seize heures d’enregistrements qui prouveraient l’inverse. Mais tout cela ne pourrait être qu’une partie de bluff. Selon Alexeï Navalny, la jeune femme craint surtout pour sa vie. « Si nous retournons en Russie, nous mourrons en prison ou ils nous tueront », s’est récemment inquiété Anastasia Vachoukevitch sur son compte Instagram