Plusieurs milliers de femmes ont défilé sous haute surveillance policière ce soir sur la principale avenue d’Istanbul pour réclamer plus de « liberté » et la « fin du patriarcat », selon des correspondants de l’AFP.
Brandissant des bannières proclamant « Nous sommes fortes ensemble ! », « Résisterez-vous avec nous ce printemps ? », et criant des slogans parfois hostiles au gouvernement, les manifestantes ont descendu l’avenue Istiklal, coeur de la rive européenne d’Istanbul.
« La situation des femmes ici est honteuse. Et ça empire », déclare à l’AFP Turkan Gezmis. « Ils ne nous laissent pas être libres. Tous les jours, il y a des pressions, et encore des pressions. Ca suffit ! ». « La Turquie est franchement sous la moyenne. Quand on parle de libertés, il n’y a rien de tout ça. Et pas seulement pour les femmes, pour tout le monde », dénonce Hale, une autre manifestante. « Nous ne vivons pas dans un pays où il y a de l’égalité ».
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Les organisations de défense des droits des femmes dénoncent régulièrement des déclarations jugées sexistes des dirigeants turcs, à commencer par le président Recep Tayyip Erdogan. Ce dernier a d’ailleurs réitéré aujourd’hui, lors d’une cérémonie organisée à l’occasion de la journée de la femme, qu’il souhaitait que les Turques aient « au moins trois enfants », des déclarations qui lui ont valu de nombreuses critiques. « Quand je dis cela, ça en dérange certains. Pourquoi ? Parce que ce sont des ennemis de notre nation », a déclaré le chef de l’Etat islamo-conservateur, régulièrement épinglé par les associations féministes.
Ce défilé survient alors que les manifestations se font de plus en plus rares en Turquie, pays où l’état de droit s’est dégradé ces dernières années, en particulier depuis le putsch manqué de juillet 2016. Dans ce contexte, la marche du 8 mars l’an dernier avait donné lieu à l’une des plus grandes manifestations en Turquie depuis le mouvement de protestation antigouvernemental du printemps 2013. « Si vous regardez les manifestations de ces quatre dernières années, vous verrez que ce sont les femmes qui rassemblent le plus », souligne Günes Yücel. « Et aujourd’hui nous sommes encore là ».