« Il faut mieux accueillir, mais on ne peut accueillir tout le monde »

Christophe Castaner était hier dans les locaux de La Provence pour répondre aux questions de nos lecteurs. Il a abordé le thème des migrants.

Je veux d’abord vous dire que l’homme politique laïc que je suis est parfaitement ici à l’aise pour échanger avec quelqu’un qui porte la foi comme vous. Je le dis car la laïcité, c’est garantir avant tout le droit de croire et de ne pas croire. Quand j’étais maire de Forcalquier, avant même que l’État ne nous le demande, j’ai accueilli des réfugiés. Et j’ai pu le faire grâce aux citoyens qui s’étaient mobilisés. Mais lorsque l’on est en responsabilité, on est confronté au principe du réel. Le pape lui-même disait que ce problème doit être géré avec la vertu propre d’un gouvernement, la prudence. C’est ce que nous mettons en oeuvre.

D’abord un discours d’humanité pour ces femmes et hommes qui, pour éviter de mourir, quittent leur pays. La France n’a jamais été à la hauteur, depuis des années, de cet accueil-là, de sa tradition d’asile. Nous voulons être plus généreux, avec des délais d’instruction plus courts, avec des procédures d’accueil digne. Puis, ensuite, avec des moyens pour mieux intégrer, former.

En même temps, et c’est le sens de la prudence, on doit considérer que nous n’avons pas la capacité d’accueillir tous ceux et celles qui veulent venir. Il y a actuellement un million de personnes en attente en Libye. Est-ce qu’on peut toutes les accueillir dans de bonnes conditions ? La réponse est non. Par ailleurs, en France 96 % des décisions de reconduite à la frontière ne sont pas appliquées. Ceux à qui on ne reconnaît pas la possibilité de rester en France doivent être reconduits.

Pour le reste, je fais confiance à la justice. Elle fait toujours la différence entre un acte de générosité ponctuel et certains militants qui contribuent à l’organisation d’un système. Cela implique que cette générosité puisse être entendue, mais dans le cas d’une organisation de filières, même généreuse, que la justice y mette un terme.