Le conservateur Sebastian Pinera a été investi dimanche président du Chili pour la deuxième fois, voulant axer son mandat sur l’accélération de la croissance économique.
Durant son mandat qui court jusqu’en 2022, il aura à gérer l’avenir des réformes de société engagées par sa prédécesseure, la socialiste Michelle Bachelet.
Le sénateur socialiste Carlos Montes a écouté la prise de serment du nouveau président devant le parlement réuni dans l’édifice du Congrès national de Valparaiso, avant de lui remettre l’écharpe présidentielle, que Michelle Bachelet l’a aidé à ajuster. Les deux responsables se sont embrassés avant d’entonner l’hymne national.
La désormais ex-présidente chilienne et son gouvernement se sont alors retirés de l’hémicycle sous les applaudissements.
Sebastian Pinera, 68 ans, a déjà été président du Chili de 2010 à 2014.
Il avait su capter pendant sa campagne électorale le mécontentement d’une partie de la société chilienne, réputée très conservatrice, qui se sentait bousculée par les réformes de Michelle Bachelet, dont l’adoption du mariage homosexuel et la dépénalisation de l’avortement.
Ancien propriétaire d’une chaîne de télévision et d’un club de football, M. Pinera est l’un des hommes les plus riches du Chili, avec une fortune estimée à 2,7 milliards de dollars par Forbes.
Il était devenu en 2010 le premier président de droite du Chili, depuis le retour à la démocratie après la dictature d’Augusto Pinochet (1973-1990).
Il avait terminé son mandat en 2014 sur une popularité plus qu’acceptable, à 50%, mais n’avait pas pu se représenter dans la foulée, la loi chilienne interdisant deux mandats consécutifs.
« Je sens que j’ai désormais plus d’expérience, de maturité, je ressens davantage l’importance d’unir les Chiliens. Plus d’humilité, pour écouter, avec des yeux et des oreilles plus attentives », a déclaré cette semaine M. Pinera, qui devait s’exprimer dimanche en fin de journée.
Le nouveau locataire du palais présidentiel de La Moneda à Santiago n’a pas de majorité au Parlement, et aura besoin de nouer des alliances pour gouverner. Une configuration qui devrait ralentir la mise en place de son programme économique, qui prévoit notamment la réduction des impôts sur les sociétés et l’assouplissement des régulations dans le secteur minier.
Mais celui qui prend la tête de la cinquième puissance de la région aura en revanche l’économie avec lui. Après quatre années de croissance ralentie à 1,8% en moyenne, le PIB grimpera de 2,8% en 2018, selon la Cepal, commission économique de l’ONU pour l’Amérique latine.
Marqué par 17 années de dictature sous Pinochet, le Chili représente depuis les années 1990 un pôle de stabilité politique et de dynamisme économique dans la région.