La Première ministre britannique Theresa May a affirmé ce lundi 12 mars qu’il était « très probable que la Russie soit responsable » de l’empoisonnement de l’ex-agent double russe Sergueï Skripal, dans une déclaration devant les députés britanniques.
Soulignant que l’agent innervant utilisé contre Skripal et sa fille Youlia était une substance « de qualité militaire » développée par la Russie, May a donné jusqu’à mardi soir à Moscou pour fournir des explications à l’Organisation pour la prohibition des armes chimiques.
Interrogé par la BBC sur une éventuelle responsabilité de la Russie dans l’empoisonnement de Sergueï Skripal, Vladimir Poutine a répondu, selon les agences de presse russes: « Tirez les choses au clair de votre côté et après nous en parlerons avec vous ».
« Le citoyen russe mentionné avait travaillé pour l’un des services secrets britanniques, l’incident s’est passé sur le territoire britannique et ce n’est d’aucune façon le problème de la Russie, encore moins de ses dirigeants », a estimé le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov.
L’ambassade de Russie à Londres avait accusé un peu plus tôt lundi le gouvernement britannique de jouer un « jeu très dangereux » dans sa gestion de l’affaire. Cela « envoie l’enquête sur une piste politique inutile, et porte le risque de graves conséquences à long terme pour nos relations » bilatérales, avait estimé un porte-parole.
Moscou accuse Londres de « propagande »
« C’est un numéro de cirque devant le Parlement britannique », a affirmé la porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères Maria Zakharova, citée par des agences de presse russes. L’allocution de May devant les députés britanniques constitue une nouvelle « campagne politique fondée sur la provocation », a-t-elle ajouté.
Sergueï Skripal, 66 ans, et sa fille Ioulia, 33 ans, ont été retrouvés inconscients le 4 mars sur un banc de Salisbury (sud de l’Angleterre), où vit l’ex-espion.
Condamné en 2006 pour avoir livré des informations à la Grande-Bretagne, cet ancien colonel du GRU (renseignement militaire russe) avait été échangé en 2010, avec trois autres agents doubles, contre des espions russes arrêtés aux Etats-Unis.
L’ex-espion et sa fille ont été empoisonnés par un agent innervant, substance chimique qui agit sur le système nerveux et peut entraîner la mort. Les victimes se trouvaient dimanche dans un état « critique mais stable » en soins intensifs.
Moscou a déjà qualifié de « propagande » les allégations sur l’éventuelle implication de Moscou dans cet empoisonnement, qui rappelle l’affaire Alexandre Litvinenko, un ancien agent des services secrets russes mort à Londres en 2006.
Les États-Unis soutiennent Londres
Quelques heures plus tard, Washington a apporté tout son soutien à Londres. Le secrétaire d’Etat américain Rex Tillerson, a déclaré que Washington faisait « toute confiance à l’enquête britannique selon laquelle la Russie est probablement responsable de l’attaque avec un agent innervant qui s’est déroulée à Salisbury la semaine dernière ».
« Nous sommes d’accord sur le fait que les responsables -à la fois ceux qui ont commis le crime et ceux qui l’ont ordonné- doivent en subir les sérieuses conséquences appropriées », a-t-il ajouté, après un entretien téléphonique avec son homologue britannique Boris Johnson.
Interrogé sur l’éventualité d’une réaction de la part des membres de l’Otan après l’attaque d’un des leurs, le chef de la diplomatie américaine a affirmé: « Cela va à coup sûr entraîner une réaction ».