Donald Trump s’est séparé de Rex Tillerson pour le remplacer à la tête de la diplomatie américaine par Mike Pompeo, ex-directeur de la CIA. Sur tous les grands dossiers, ce dernier a pris des positions qui augurent d’une attitude intransigeante.
Alors que leurs relations étaient notoirement tendues, le président américain Donald Trump a congédié son secrétaire d’Etat Rex Tillerson au profit de Mike Pompeo, jusqu’alors alors directeur de CIA. Selon plusieurs médias, Rex Tillerson aurait appris son limogeage sur Twitter.
Au vu de certaines de ses déclarations passées, le nouveau chef de la diplomatie américaine semble augurer d’un durcissement de la politique étrangère des Etats-Unis. Et la Russie n’est pas la seule visée.
Sur la Russie
Poursuivi pour collusion avec la Russie, Donald Trump a-t-il, en partie, voulu s’acheter un peu de tranquillité en le nommant au poste de Rex Tillerson ? Dès sa nomination à la tête de la CIA en novembre 2016, Mike Pompeo avait adopté une ligne dure à l’égard de la Russie, la décrivant comme une menace majeure pour les intérêts américains. «La Russie s’est réaffirmée de façon agressive en envahissant et en occupant l’Ukraine, en menaçant l’Europe et en ne faisant pratiquement rien pour aider dans la destruction et la défaite de l’Etat islamique», affirmait-il sans ambages en janvier 2017, lors de son audition de confirmation au poste de directeur de la CIA par le Sénat américain.
Cité par le Washington Times, Mike Pompeo a pris soin le 11 mars 2018, deux jours avant sa nomination à la tête de la diplomatie américaine donc, de préciser qu’il était partisan de la théorie d’une ingérence russe dans l’élection présidentielle américaine, avant de préciser immédiatement : «Mais il n’y a pas la moindre indication que le vote en ait été affecté ou que les urnes aient été manipulées.»
Sur la Chine
Pour le nouveau secrétaire d’Etat américain, la Russie n’est pas la seule menace existant sur la scène internationale. Mike Pompeo garde aussi un œil sur la Chine, rejoignant en cela la nouvelle stratégie sécuritaire de Washington publiée avec l’approbation de Donald Trump le 18 décembre 2017, et qui identifie clairement Pékin et Moscou comme des «puissances révisionnistes». Pour Mike Pompeo, l’Empire du Milieu serait même bien plus dangereux. «Les Chinois ont une base [économique] bien plus importante pour mener cette mission [d’ingérence] que les Russes», s’est-il inquiété dans une interview accordée à la BBC le 30 janvier dernier.
Et Mike Pompeo d’affirmer, pour étayer ses craintes : «Nous pouvons constater qu’ils sont très concentrés dans leur efforts visant à voler des informations à l’Amérique, d’infiltrer les Etats-Unis avec des espions […] Nous le voyons dans nos écoles, dans nos hôpitaux […] Nous le voyons dans les milieux d’affaires américains. C’est aussi vrai en Europe et au Royaume-Uni.»
Sur la Corée du Nord
La Maison Blanche a mis en avant la volonté du président d’avoir une nouvelle équipe au moment d’aborder des négociations historiques avec la Corée du Nord, après que Donald Trump a accepté le 9 mars dernier l’invitation du président coréen Kim Jong-un. Rex Tillerson risque toutefois de ne pas être crédité pour ce succès diplomatique. En octobre 2017, Donald Trump avait pratiquement désavoué son secrétaire d’Etat, écrivant sur Twitter : «Il perd son temps à négocier», ajoutant : «Conserve ton énergie Rex, nous ferons ce que nous devons faire.»
Mike Pompeo, récoltant les fruits de l’action de son prédécesseur, se montre lui beaucoup plus inflexible sur le dossier nord-coréen. Sur la chaîne Fox News, le 11 mars, il rappelait que Donald Trump avait posé, selon lui, plusieurs conditions préalables à la rencontre et que les sanctions à l’encontre de Pyongyang continueraient de s’appliquer.
La position du nouveau secrétaire d’Etat tranche donc avec celle de Rex Tillerson, qui prônait au contraire l’ouverture de discussions «sans conditions préalables» avec Pyongyang,
Sur l’Iran
Ce 13 mars, Donald Trump n’a pas fait mystère des désaccords qu’il avait avec Rex Tillerson sur le dossier du nucléaire iranien. «Quand vous regardez l’accord sur le nucléaire iranien, je pensais qu’il était horrible, lui pensait qu’il était OK», a-t-il lancé depuis les jardins de la Maison Blanche, en partance pour la Californie. Concernant l’Iran, Donald Trump s’assure d’un chef de la diplomatie aussi intransigeant que lui.
Avant d’être nommé à la tête de la CIA, Mike Pompeo semblait suggérer en 2014 l’usage de la force contre Téhéran. «Selon une estimation déclassifiée, il faudrait moins de 2 000 [frappe aériennes] pour détruire les capacités nucléaires de l’Iran», déclarait-il alors qu’il était représentant du Kansas. Et d’ajouter, cité par la Jewish Telegraphic Agency : «Ce n’est pas une tâche insurmontable pour les forces de la coalition.»