L’Etat tunisien a emprunté la semaine dernière 600 millions de dinars (soit 251 millions de dollars) auprès de banques tunisiennes pour payer les salaires du mois de mars, a indiqué mardi l’expert économique, Ezzeddine Saidane.
L’Etat a levé ces fonds à un taux d’intérêt élevé de 6,1 % sur 13 semaines seulement soit trois mois, et les banques n’ayant pas de liquidités ont dû recourir à la Banque centrale pour emprunter à leur tour, à un taux de 5,8 %, a-t-il précisé lors d’une intervention sur radio Shems Fm.
Selon lui, le fait que l’Etat tunisien continue d’emprunter auprès des banques tunisiennes tandis que la Banque centrale refinance ces banques de la même manière remet en question l’indépendance dont devrait se prévaloir l’institution monétaire.
Il a fait remarquer que l’été dernier un cri d’alarme avait été lancé lorsque la Banque centrale avait refinancé les banques à hauteur de 10 milliards de dinars (environ 4,2 millions de dollars), et qu’en quelques mois ce financement est passé à 13,5 milliards de dinars (plus de 5,6 millions de dollars).
Tout en admettant que la BCT n’avait pas d’autres moyens pour combattre l’inflation galopante que de relever son taux directeur qui a été porté récemment de 5 % à 5,75 %, il n’a pas exclu que le taux d’inflation qui était de 7,1 % en février, grimpe à quelque 8 % dans les prochains mois, un scénario qu’il a qualifié de “très grave” parce que, selon lui, il porterait préjudice aux fondamentaux économiques et financiers du pays.
L’expert économique et financier a, d’autre part, fait état de la chute de l’épargne qui sert à financer l’économie et dont le taux est passé de 22 % à 10 % actuellement, ce qui conduit à plus d’endettement, a-t-il analysé.