« L’islam ne fait pas partie de l’Allemagne »

« Les musulmans doivent vivre avec nous, pas à côté de nous », déclare le ministre de l’Intérieur allemand dans une interview au quotidien « Bild ».

Tourments de la traduction. « Der Islam gehört nicht zu Deutschland » : voici le titre choc de la toute première interview donnée par le nouveau ministre de l’Intérieur (et de la Patrie) allemand, Horst Seehofer. Cette phrase résonne à l’oreille d’une partie de l’opinion outre-Rhin.

En français, elle peut être traduite de plusieurs manières : l’islam « ne fait pas partie de l’Allemagne », « n’est pas une composante de l’Allemagne », « est incompatible avec l’Allemagne », voire, plus radicalement, « n’a pas sa place en Allemagne ». Ou encore, comme l’ont plus littéralement traduit l’AFP et le correspondant du « Monde » à Berlin, « n’appartient pas à l’Allemagne ». Mais quelle religion appartient à un pays ?

La phrase prononcée par l’ex-leader de la CSU, le très conservateur allié d’Angela Merkel, a une histoire politique récente en Allemagne. Il s’agit d’une référence directe à une déclaration de l’ancien président allemand Christian Wulff, qui affirmait, en octobre 2010 : « L’islam fait partie de l’Allemagne. » La phrase s’affichait alors à la une de « Bild », exactement de la même manière qu’aujourd’hui. Le Bundespräsident appuyait son propos sur une célèbre citation de Goethe aux allures prophétiques : préfigurant le courant orientaliste dans l’art européen, le poète allemand avait écrit en 1826 que désormais, « Orient und Okzident sind nicht mehr zu trennen » – « Orient et Occident ne peuvent plus être séparés ».