Affaire Skripal: Moscou contre-attaque et s’en prend à la « russophobie » de Londres

La Russie, mise en cause par les Occidentaux après l’empoisonnement de l’ex-espion russe Sergueï Skripal et sa fille en Angleterre, a contre-attaqué mercredi en dénonçant la « russophobie » de Londres et la responsabilité britannique dans l' »attaque terroriste » visant ses ressortissants.

Tous les ambassadeurs à Moscou avaient été invités au ministère des Affaires étrangères pour écouter la position russe dans cette affaire à l’origine d’expulsions de diplomates sans précédent entre les deux pays depuis la Guerre froide et d’un regain de tensions Est-Ouest.

Cette longue démonstration, snobée notamment par les ambassadeurs britannique, français et américain, a surtout servi à tancer les accusations britanniques et abouti à une nouvelle guerre des mots, Londres accusant ensuite Moscou de « continuer à répandre des mensonges » et Boris Johnson jugeant le Royaume-Uni visé pour « dénoncé à maintes reprises » ses « abus ».

Le responsable du ministère des Affaires étrangères russes chargé de la non-prolifération, Vladimir Ermakov, a dénoncé les « incohérences » de la version britannique. Interpellé par une diplomate britannique sur ses éventuels programmes d’armes chimiques, il lui a répondu: « Sortez donc un peu de votre russophobie, de votre mentalité insulaire (…) J’ai honte pour vous ».

Affirmant à de nombreuses reprises « n’accuser personne », il a martelé: dans tous les cas, selon lui, Londres est responsable du sort de Sergueï Skripal, 66 ans, et sa fille Ioulia, 33 ans, hospitalisés depuis le 4 mars à Salisbury, ville du sud de l’Angleterre.

« Soit les autorités britanniques ne sont pas en mesure de fournir une protection contre ce type, disons-le ainsi, d’attaque terroriste, soit elles ont directement ou indirectement – je n’accuse personne de quoi que ce soit – mis en scène une attaque contre un citoyen russe », a-t-il expliqué.

« N’importe quelle substance toxique militaire aurait fait de multiples victimes sur le lieu de l’empoisonnement. Mais à Salisbury, ce n’était pas du tout le cas », a affirmé ce diplomate, responsable du département du ministère chargé de la non-prolifération et le contrôle des armements.

Quant à l’origine de l’agent innervant en cause, identifié par Londres comme produit dans le cadre du programme soviétique d’armes chimiques « Novitchok », il a insinué qu’elle pouvait venir des Etats-Unis, mais s’est excusé auprès de la Suède et la Slovaquie pour des déclarations précédentes les désignant comme possible lieu d’origine.