Turquie : Les Nations unies dénoncent de graves violations des droits de l’homme

Dans un rapport publié ce mardi 20 mars, le Haut-Commissariat de l’ONU aux droits de l’Homme accuse la Turquie de « graves » violations des droits de « centaines de milliers de personnes » dans le cadre de la prolongation de l’état d’urgence instauré après le putsch manqué de juillet 2016.

Un rapport « biaisé » et « inacceptable », selon Ankara, alors que la CEDH a également condamné la Turquie pour la détention de deux journalistes.

« Les prolongations régulières de l’état d’urgence en Turquie ont conduit à de graves violations des droits de l’homme de centaines de milliers de personnes », lance le Haut-Commissariat de l’ONU aux droits de l’homme. L’organe onusien déplore notamment l’utilisation de la torture et d’autres mauvais traitements, ainsi que les détentions arbitraires, la privation arbitraire du droit au travail et de la liberté de mouvement.

Le rapport, qui couvre toute l’année 2017, déplore aussi les atteintes à la liberté d’association et d’expression. Soit « la détérioration de la situation des droits de l’homme et l’érosion de l’Etat de droit en Turquie ». Le rapport réclame également la fin de l’état d’urgence.

Un rapport « biaisé » et « inacceptable pour la Turquie »

Ankara n’a pas tardé à réagir. Le ministère turc des Affaires étrangères a immédiatement déclaré dans un communiqué que le rapport « contient des informations déformées, biaisées et fausses », le qualifiant d’« inacceptable pour la Turquie ».

L’état d’urgence y a été instauré quelques jours après une tentative de coup d’Etat le 15 juillet 2016, que le pouvoir impute au prédicateur Fethullah Gülen, installé aux États-Unis.

Le tout pour « étouffer toute forme de critique »

Selon Zeid Ra’ad Al Hussein, le Haut-Commissaire, il y a eu « près de 160 000 personnes arrêtées pendant 18 mois d’état d’urgence; 152 000 fonctionnaires renvoyés, dont beaucoup de manière totalement arbitraire; des enseignants, juges et avocats renvoyés ou poursuivis; des journalistes arrêtés, des médias fermés et des sites web bloqués ».

Si l’organisation reconnaît « les défis complexes auxquels la Turquie a dû faire face », elle indique que tout semble pointer « une utilisation des pouvoirs d’urgence pour étouffer toute forme de critique ou de dissidence à l’égard du gouvernement ».