Le président du parlement catalan a suspendu samedi le débat pour investir un président régional, au lendemain de l’incarcération du candidat à ce poste Jordi Turull et de quatres autres indépendantistes, tous inculpés pour rébellion.
« Le candidat à la présidence de la Generalitat (exécutif catalan) est en prison avec d’autres députés de cette chambre », a constaté Roger Torrent à l’ouverture des débats. « Il est évident que dans ces conditions la session ne peut pas avoir lieu ».
Le premier vote d’investiture a eu lieu jeudi mais bien que les indépendantistes disposent de la majorité absolue au parlement, M. Turull n’a pas pu être élu, faute de l’appui du parti séparatiste le plus radical. Il devait se soumettre ce samedi à un deuxième vote.
Vendredi, le juge de la Cour suprême chargé de l’enquête a inculpé formellement treize dirigeants indépendantistes pour « rébellion ». Il a écroué cinq d’entre eux, dont Jordi Turull.
« Le pouvoir empêche que la volonté citoyenne exprimée dans les urnes puisse se manifester librement », a estimé M. Torrent, dénonçant « une situation d’injustice, de régression et de répression ».
Les décisions de la Cour suprême sont un coup très dur pour les dirigeants indépendantistes: au total, 25 d’entre eux seront jugés pour rébellion, malversation et désobéissance. Neuf sont désormais en détention préventive et six autres font l’objet de mandats d’arrêt internationaux après être partis à l’étranger, dont l’ancien président régional Carles Puigdemont.
Les poursuites pour rébellion visent 13 personnes, dont d’anciens ministres régionaux, des parlementaires et des dirigeants d’associations séparatistes. Passibles de peines allant jusqu’à 30 ans de prison, elles sont très controversées car elles impliquent l’existence d’un « soulèvement violent » qui, selon de nombreux juristes, ne s’est jamais produit.
Jordi Turull est le troisième indépendantiste à échouer à se faire élire comme président de Catalogne en raison de décisions de justice, après Carles Puigdemont, exilé en Belgique, et l’activiste Jordi Sanchez, incarcéré.
Les indépendantistes doivent désormais trouver un nouveau candidat à la présidence de la Catalogne, sous tutelle de Madrid depuis la déclaration d’indépendance mort-née du 27 octobre. S’ils n’y arrivent pas avant le 22 mai, de nouvelles élections seront automatiquement convoquées.