La France déploie des troupes au Kurdistan syrien

Selon une délégation kurde reçue à l’Élysée, Français et Américains envisagent l’envoi de renforts pour contrecarrer l’avancée de l’armée turque au nord de la Syrie.

La France a décidé de soutenir ses alliés kurdes syriens. Après avoir longuement tergiversé depuis le début de l’offensive lancée par la Turquie contre les forces kurdes le 20 janvier dernier dans le nord de la Syrie, les Francais et les Américains auraient finalement pris la décision de s’opposer aux menées turques en envoyant des troupes en renfort à Mambij.

Ce déploiement vise à empêcher une offensive des forces turques, qui se préparaient à lancer une opération visant à reprendre aux Kurdes du YPG le contrôle de cette ville stratégique dans la haute vallée de l’Euphrate, dans le nord de la Syrie. L’ambassadeur de France à Ankara aurait été chargé de transmettre la décision au president turc, Recep Tayyip Erdogan. Le president Emmanuel Macron a reçu jeudi une délégation de représentants kurdes et arabes syriens, et leur aurait annoncé que des troupes françaises seraient déployées dans le secteur de Manbij. Contacté par Le Figaro, l’Élysée a indiqué «ne pas présenter les choses de cette manière» et a renvoyé à leur communiqué.

La Turquie a lancé le 20 janvier dernier son armée en territoire syrien dans le canton d’Afrine. Cette opération, baptisée Rameau d’olivier, visait à déloger les forces kurdes du YPG de cette zone frontalière. Les troupes turques étaient accompagnées par des milices armées syrienne, souvent des combattants djihadistes, qui offraient une caution arabe à l’opération. Cette offensive a été lancée avec l’accord de la Russie, qui contrôle l’espace aérien dans cette partie de la Syrie. Après plusieurs semaines de combats, les forces kurdes, dépourvues d’armements lourds et d’armes, ont été forcées de se replier. Une grande partie des habitants kurdes d’Afrine ont aussi fui le canton, livré au pillage des milices arabes.

Le president turc avait annoncé ces derniers jours son intention de poursuivre l’offensive et de chasser les «terroristes» de la zone frontalière. Ankara considere les forces kurdes des YPG, branche syrienne du PKK, le parti séparatiste kurde de Turquie, comme une organisation terroriste. Les forces kurdes, qui forment l’ossature des Forces démocratiques syriennes, ont fourni le gros des troupes au sol engagées contre l’organisation État Islamique depuis 2015. Appuyées par l’aviation et les forces spéciales américaines et occidentales, les FDS ont repris Raqqa, la capitale de Daech en Syrie, et combattent encore les djihadistes dans la region de Deir Ezzor. L’offensive turque a obligé les Kurdes à redéployer une partie de leurs forces vers le nord. On ignore encore le volume des forces qui seront déployées, ni dans quels délais, mais la décision franco-américaine est un coup de théâtre qui gêne considérablement les plans de la Turquie en Syrie.