Affaire Skripal : les représailles du Kremlin contre l’Europe

«Ce n’est pas la Russie qui a engagé une guerre diplomatique et initié un échange de sanctions», s’est défendu Dmitri Peskov, le porte-parole du Kremlin qui dément toute responsabilité dans l’empoisonnement de l’ex-agent Sergueï Skripal.

Ministre russe des Affaires étrangères Serguéї Lavrov

À la différence des chancelleries occidentales qui avaient annoncé, le même jour et la même heure, un plan coordonné d’expulsion de diplomates, Moscou a procédé en deux temps, comme pour mieux souligner la hiérarchie des responsabilités qui, selon elle, prévaut dans cette offensive diplomatique jugée «russophobe».

Moins de vingt-quatre heures après avoir dénoncé un «axe anglo-saxon» et annoncé l’expulsion de 60 diplomates américains, la Russie a ciblé, hier, ses représailles contre les autres chancelleries occidentales, en particulier européennes, accusées d’avoir cédé à la pression de Londres et Washington dans l’affaire Skripal. Selon un décompte théorique, Moscou a ordonné le départ de 59 personnels diplomatiques, en réaction «symétrique» aux sanctions prises par ces mêmes capitales, le 26 mars dernier.

Au total, 23 ambassades, dont 16 membres de l’UE, voient une partie de leurs diplomates déclarés non-grata et sommés de quitter le territoire russe. La Hongrie, la Belgique, la Géorgie et le Monténégro seront sanctionnés plus tard. La France, qui avait ordonné le départ de quatre diplomates russes, dont les consuls à Strasbourg et à Marseille ainsi que l’attaché de défense et le chef de la mission économique à Paris – tous considérés comme des espions opérant sous couverture – doit à son tour de séparer de quatre diplomates. Tout comme l’Allemagne et la Pologne.

Vendredi, enfin, c’était au tour des 23 autres ambassadeurs d’être convoqués tour à tour au ministère des Affaires étrangères pour se voir notifier les expulsions. Chaque rencontre a duré environ vingt minutes, les premiers sur la liste étant les diplomates français et allemand, Sylvie Bermann et Rudiger Von Fritsch. À elles deux, leurs capitales avaient ordonné huit expulsions.