« Macron franchit un seuil dans son rapport de force avec la Turquie »

Le ton monte entre Ankara et Paris, après le soutien affiché par Emmanuel Macron aux Kurdes de Syrie, dans le viseur de l’armée turque.

La Turquie ne décolère pas après le soutien affiché, jeudi 29 mars à Paris, par Emmanuel Macron aux Kurdes de Syrie, visés par une opération militaire turque dans le nord du pays. À l’issue de sa rencontre avec une délégation des Forces démocratiques syriennes (FDS), alliance arabo-kurde en première ligne sur le terrain dans le combat contre l’organisation État islamique (EI), le président français les a assurés « du soutien de la France ».

Après la réception à l’Élysée, Asiya Abdellah, une représentante kurde, avait même affirmé que Paris enverrait des soldats à Manbij, oùle président turc Recep Tayyip Erdogan a annoncé à plusieurs reprises qu’il comptait étendre son offensive, après la prise d’Afrin. La présidence française a contestévendredi ces propos, en assurant qu’elle ne prévoyait pas de « nouvelle opération militaire dans le nord de la Syrie en dehors de la coalition internationale ». Des forces spéciales françaises sont stationnées en Syrie, mais la France reste toutefois très discrète sur cette présence et sur le volume déployé.

Dans le rôle du médiateur, le président Emmanuel Macron a aussi souhaité « qu’un dialogue puisse s’établir entre les FDS et la Turquie avec l’assistance de la France et de la communauté internationale ». Le président turc a vivement réagi en dénonçant la position « totalement erronée » de la France.

Pour comprendre la position française, France 24 a interrogé Olivier Piot, grand reporter, auteur de « Le peuple kurde, clé de voûte du Moyen-Orient », aux éditions Les petits matins. Selon lui, ce qui se joue derrière le soutien d’Emmanuel Macron aux Kurdes de Syrie, c’est la possibilité pour la France de peser à terme sur la reconstruction de ce pays.