Le procès de deux Toulousains partis combattre en Syrie dans les rangs djihadistes s’est ouvert aujourd’hui aux assises de Paris.
Mounir Diawara, 23 ans, et Rodrigue Quenum, 22 ans, sont poursuivis pour avoir séjourné du 28 mai au 12 août 2013 en Syrie, où ils ont rejoint des groupes djihadistes, d’abord le Front al-Nosra (Jabhat al-Nosra) puis le groupe État islamique en Irak et au Levant « en connaissant l’objet mortifère de ces groupes ».
La justice leur reproche d’avoir participé à des actions militaires et à des exactions commises par ces groupes, comme en témoigne la tête décapitée brandie par Quenum sur une photo. Ils sont également accusés d’avoir, à leur retour en France, fait du prosélytisme auprès d’individus fréquentant un appartement toulousain pour les convaincre de partir à leur tour combattre en Syrie. Ceci en leur faisant part de leurs expériences, en leur montrant des photos de leur séjour et en incitant l’un d’eux à commettre un vol avec arme pour financer son départ.
La justice leur reproche enfin d’avoir préparé le financement de leur propre retour en Syrie en commettant notamment une tentative de vol à main armée dans une supérette en 2013. Pour tous ces faits, ils encourent vingt ans de réclusion criminelle. Placés sous surveillance dans le cadre de l’enquête sur la filière toulousaine de recrutement de jihadistes, les deux hommes avaient été interpellés en flagrant délit le 21 décembre 2013 lors de ce braquage avorté. Pour cette attaque, Quenum et Diawara ont déjà été condamnés par la Cour d’assises de Toulouse en mai 2017 à 13 et 14 ans de réclusion criminelle.
Les perquisitions réalisées à leurs domiciles ont mis au jour toute une documentation jihadiste, des photos d’eux en tenue de combattants et la photo de Quenum, datée du 13 juin 2013, tenant par les cheveux une tête décapitée. Presque tous les membres de la filière toulousaine de recrutement de djihadistes, qui, eux, ne sont jamais partis en Syrie, ont été condamnés le 16 janvier 2018 par la cour d’appel de Paris à des peines allant de 5 à 6 ans d’emprisonnement. Le seul candidat du groupe a avoir rejoint la zone de combat, le perpignanais Tayeb Derraz, y est devenu « une machine à distribuer la mort et a menacé la France », selon le parquet. Le procès doit durer jusqu’à vendredi.