La guerre commerciale de Trump menace les agriculteurs américains

Echanges de menaces entre la Chine et les Etats-Unis et renégociation de l’Alena suscitent l’inquiétude dans les Etats agricoles américains. Ayant majoritairement voté pour Donald Trump en 2016, ils pourraient petit à petit changer d’avis.

C’est l’anxiété chez les agriculteurs américains qui craignent de voir leurs exportations chuter. Leurs trois premiers marchés, la Chine, le Mexique et le Canada, sont en effet la cible des mesures annoncées par la Maison Blanche dans sa guerre commerciale pour imposer un «commerce juste et équitable», selon l’expression employée par la Maison Blanche.

Cette inquiétude a pris forme avec la renégociation de l’Alena, accord de libre-échange conclu il y a 25 ans avec le Mexique et le Canada, débouchés historiques de leur production. L’échange de menaces avec la Chine a aggravé leurs craintes. Beaucoup de filières sont actuellement en surproduction. Une chute de leurs exportations vers ces trois marchés pourrait entraîner de nombreuses faillites.

En effet, Chine, Mexique et Canada sont, de loin, les trois premiers partenaires agricoles des Etats-Unis, vers lesquels se font 43% des exportations. En 2017, les Etats-Unis ont exporté pour près de 61 milliards de dollars de produits agricoles vers ces trois pays, dont 22 milliards vers la Chine, devenu le premier marché pour l’agriculture américaine dès 2011.

Certaines filières sont même complètement dépendantes du commerce avec la Chine ou avec les partenaires de l’Alena. Ainsi, un quart du soja américain est exporté vers la Chine, son premier débouché mondial au même titre que le coton. Or, la concurrence de ce qu’on surnomme la «Republica unida de la soja» (République unie du soja, expression inventée par le groupe agro-chimique suisse Syngenta pour désigner le Brésil, l’Argentine, la Bolivie et le Paraguay) pourrait facilement remplacer la production américaine. Quant au porc, le Mexique représente à lui seul le quart des exportations américaines.

Enfin, l’Alena a beaucoup profité aux producteurs de maïs américains qui ont vu, grâce à des subventions d’Etat, leurs exportations vers le Mexique multipliées par cinq depuis l’entrée en vigueur de l’accord de libre-échange américain. En revanche, ce flux important avait réduit d’un quart environ le nombre de petits agriculteurs chez le partenaire méridional des Etats-Unis. Mais les menaces de mesures de rétorsion chinoises, ciblant notamment les exportations de soja, ont entraîné une baisse du cours des oléagineux déjà touchés par une crise de surproduction.