Des experts internationaux ont entamé dimanche en Syrie leur enquête sur l’attaque chimique présumée qui a entraîné des frappes occidentales d’une ampleur inédite contre le régime de Bachar al-Assad, et provoqué un vif regain de tensions diplomatiques.
Washington, Paris et Londres ont effectué samedi à l’aube des frappes contre trois sites présentés comme liés au programme d’armement chimique syrien, sans faire de victimes, en représailles à une attaque chimique présumée le 7 avril à Douma, qui était alors le dernier bastion rebelle dans la Ghouta, près de Damas.Le régime a démenti toute implication dans cette attaque qui a fait au moins 40 morts et des centaines de blessés, selon les secouristes en zones rebelles, les Casques blancs.
La mission de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC), qui a pour mandat d’enquêter sur l’utilisation éventuelle d’armes chimiques mais pas d’en identifier les auteurs, est arrivée samedi à Damas. Le plus grand secret entoure son travail.
Le vice-ministre syrien des Affaires étrangères, Fayçal Mokdad, s’est rendu dimanche à l’hôtel où réside la mission de l’OIAC à Damas et en est ressorti trois heures plus tard, a constaté une journaliste de l’AFP. Les missions d’enquête de l’OIAC débutent toujours par une série d’entretiens privés avec des officiels.
Il n’était en revanche pas confirmé que les experts se soient rendus sur place, à Douma, comme l’avait annoncé dans la matinée à l’AFP un officiel syrien. « Nous laisserons l’équipe faire son travail de manière professionnelle, objective, impartiale et loin de toute pression. Les résultats de l’enquête infirmeront les allégations mensongères » contre Damas, avait-il assuré.
En 2014, l’OIAC avait affirmé que la Syrie s’était débarrassée de ses armes chimiques conformément à un accord international. En 2017, une mission d’enquête conjointe avec l’ONU avait toutefois conclu que Damas avait utilisé du sarin, puissant gaz neurotoxique, à Khan Cheikhoun (nord-ouest) dans une attaque où 80 personnes avaient péri.
Sur place, le travail s’annonce compliqué pour les enquêteurs qui arrivent plus d’une semaine après les faits, dans une zone passée depuis sous contrôle du régime et de la police militaire russe et ravagée par cinq ans de siège et une violente offensive lancée le 18 février.
Les derniers combattants rebelles de Douma, ainsi que des civils, ont été évacués samedi dans le cadre d’un accord de reddition signé le 9 avril, deux jours après l’attaque chimique présumée.