Macron se justifie sur la Syrie et ne voit pas de « coagulation » des mécontentements
Emmanuel Macron a justifié dimanche les frappes menées en Syrie et réfuté l’idée d’une « coagulation » des mécontentements en France, au cours d’une interview télévisée conduite dans une atmosphère parfois électrique.
Durant plus de deux heures, le président a été soumis à un flot de questions, dont certaines ressemblaient aux interpellations d’un débat et non d’un entretien, de Jean-Jacques Bourdin (BFMTV et RMC) et Edwy Plenel (Mediapart).
Pendant près d’une demi-heure, le président a justifié les frappes menées menées dans la nuit de vendredi à samedi contre des sites de production d’armes chimiques du régime de Bachar al-Assad, en affirmant que « c’est la communauté internationale qui est intervenue ». Il a toutefois affirmé que la France n’avait « pas déclaré la guerre au régime de Bachar al-Assad ».
Le président a expliqué qu’il voulait désormais « convaincre » les Russes et les Turcs de venir à la table des négociations, insistant sur le fait qu’il voulait « parler avec tout le monde » sur le dossier syrien.
Il a affirmé que Paris avait réussi à convaincre le président américain Donald Trump de « rester dans la durée » en Syrie alors qu’il avait récemment manifesté son intention de désengager ses troupes du pays.
Durant tout l’entretien, Jean-Jacques Bourdin et Edwy Plenel ont débuté leurs questions par « Emmanuel Macron » et non « Monsieur le président », marquant ainsi une rupture avec les usages des entretiens présidentiels des dernières décennies.
Qualifiant l’exercice d' »inédit », Emmanuel Macron a parfois reproché aux deux journalistes des « amalgames » ou des « bêtises » dans leurs questions. S’adressant à Edwy Plenel, il n’a pas hésité à faire allusion aux démêlées de Mediapart avec le fisc. « C’est totalement mesquin », a répondu le journaliste.
Sur les réseaux sociaux, les internautes étaient partagés face au ton de l’interview. Certains applaudissaient, comme Philippe Moreau-Chevrolet, expert en communication politique: « Enfin une vraie interview présidentielle. Il y aura un avant et un après ».
Mais Christian Estrosi, le maire de Nice, y a vu « une caricature d?interview ». Car « en cherchant à abaisser la fonction présidentielle, les journalistes abaissent en réalité la fonction de journaliste ».
« Incroyable entretien de presse. On n’écoute plus les réponses, on attend les questions », a tweeté Jean-Luc Mélenchon (LFI).