Journaliste disparu en Haïti: peur d’une profession face au piétinement de l’enquête

Les journalistes en Haïti disent avoir peur de faire leur travail, faute de savoir ce qui est arrivé au photojournaliste Vladjimir Legagneur, porté disparu depuis qu’il est parti en reportage mi-mars dans un quartier sensible de la capitale haïtienne.

« Ce qui est arrivé à Vladjimir aurait pu arriver à n’importe lequel d’entre nous », affirme le photographe Jeanty Junior Augustin. « Face au silence total des autorités, on est obligés de moins sortir, de ne plus aller chercher les informations parce qu’on ne peut pas savoir ce qui pourrait nous arriver », regrette-t-il.

« On sait que faire notre métier dans ce pays c’est un sacerdoce mais avec ce qui s’est passé, on cherche plus qu’avant à se mettre en sécurité », abonde Jean-Jacques Augustin, porte-parole de l’Union des journalistes photographes haïtiens, déplorant le manque de communication de la police dans cette affaire.

Le 14 mars Vladjimir Legagneur, photojournaliste indépendant de 30 ans, a quitté son domicile en début de matinée pour aller réaliser un reportage sur les conditions de vie à Grand-Ravine, dans le quartier de Martissant, l’un des plus pauvres de la capitale Port-au-Prince et le théâtre depuis quelques années d’affrontements virulents entre gangs.

S’inquiétant de ne pas avoir de ses nouvelles, son épouse Fleurette Guerrier a entamé des recherches dès le 14 mars au soir, avant de déposer plainte deux jours plus tard auprès de la direction centrale de la police judiciaire haïtienne.

Depuis, elle a été amenée à authentifier un chapeau appartenant à son mari, récupéré fin mars par la police près de restes de corps découverts sur un terrain vague du quartier de Grand-Ravine.

Les enquêteurs avaient alors annoncé que des tests ADN allaient être effectués, mais les annonces de la police suscitent le doute parmi les collègues de Vladjimir Legagneur.

« Jusqu’à présent, les policiers n’ont pas contacté son épouse pour avoir un échantillon pour comparer le test ADN donc c’est de la démagogie », accuse Jeanty Junior Augustin.