Arménie : Nikol Pachinyan, le chef de la contestation, interpellé

Le chef de la contestation antigouvernementale en Arménie, Nikol Pachinyan, a été interpellé, a annoncé ce dimanche le parquet général arménien, alors que les protestations se poursuivaient pour le dixième jour dans cette ex-république soviétique de Caucase.

Le député et leader de l’opposition, ainsi que deux autres députés d’opposition, « ont été interpellés au moment où ils commettaient des actes dangereux pour la société », a précisé le parquet dans un communiqué. Pour sa part, la police arménienne a annoncé plus tôt dans la journée avoir « évacué de force » Nikol Pachinyan d’une manifestation de l’opposition.

Ce nouvel incident intervient après l’échec d’une rencontre entre le premier ministre Serge Sargsyan et Nikol Pachinyan, et la poursuite de manifestations émaillées de heurts avec la police, qui durent depuis une dizaine de jours.

Samedi, plusieurs dizaines de milliers de personnes se sont encore rassemblées sur la place de la République, dans le centre de la capitale. Les protestataires accusent Serge Sargsyan, qui vient d’achever son deuxième mandat présidentiel, de s’accrocher au pouvoir en s’étant fait élire premier ministre par les députés.

Alors que la Constitution interdit au président d’effectuer plus de deux mandats, Serge Sargsyan avait fait voter en 2015 une réforme controversée donnant l’essentiel des pouvoirs au premier ministre. Samedi, une détente dans la crise semblait se profiler lorsque le nouveau président arménien, Armen Sarkissian, sans lien de parenté avec prédécesseur, a rencontré Nikol Pachinyan.

Accompagné de ses gardes du corps, le président arménien s’est rendu dans la soirée sur la place de la République où des dizaines de milliers de manifestants protestaient contre Serge Sargsyan. Nikol Pachinyan a ensuite affirmé devant les protestataires qu’il avait accepté de négocier avec les autorités.

Au-delà des manoeuvres de Serge Sarkissian pour rester au pouvoir après plus d’une décennie au poste de président, les manifestants reprochent à cet ancien militaire de 63 ans de n’avoir pas su faire reculer la pauvreté et la corruption, alors que les oligarques ont toujours la haute main sur l’économie du pays. Jusqu’à présent, la manifestation la plus importante a eu lieu mardi dernier, avec quelque 40.000 personnes à Erevan. Il s’agissait du plus grand rassemblement de l’opposition de ces dernières années dans ce petit pays du Caucase.