Le calme est revenu aujourd’hui à Antananarivo, au lendemain d’affrontements entre forces de l’ordre et opposants qui ont fait deux morts et 16 blessés au cours d’une manifestation interdite, qualifiée de « coup d’Etat » par le président rentré de l’étranger dans la Grande Ile.
« Parmi les blessés admis hier, nous en avons un qui vient de décéder aujourd’hui, ce qui amène à deux le nombre de décédés », a déclaré à l’AFP Olivat Alison Aimée Rakoto, chef de l’hôpital HJRA d’Antananarivo.
La manifestation de milliers d’opposants, dénonçant de nouvelles lois électorales qu’ils accusent de favoriser le pouvoir à quelques mois des élections législatives et présidentielle, a dégénéré hier en affrontements avec les forces de sécurité, à l’issue d’un face à face tendu de trois heures sur la place du 13 mai, lieu historique de toutes les grandes manifestations dans la capitale malgache.
Le président malgache, Hery Rajaonarimampianina, rentré au pays, a appelé à la télévision et sur Facebook « tous les Malgaches au calme ». ‘Nous respectons la démocratie. Mais ce qui s’est produit samedi dernier n’est rien d’autre qu’un coup d’État ».
« Madagascar respecte l’État de droit, a-t-il poursuivi, alors je mets en garde les fauteurs de trouble et ceux qui insistent à la haine et aux affrontements, en quête d’un bain de sang ou de perte en vie humaine ». Il a également demandé aux journalistes de ne pas devenir « un outil de provocation, ni d’inciter le peuple à la rébellion ».
Plusieurs dizaines de soldats avaient bouclé l’accès à la place dans la matinée dimanche, avant de se retirer, laissant place aux opposants, a constaté un correspondant de l’AFP. « Je veux rendre hommage aux personnes qui ont été tuées ici hier », a expliqué Nirina, une manifestante. « Et je suis venue pour demander à nos dirigeants de démissionner ».
Le Premier ministre Olivier Mahafaly Solonandrasana a promis samedi soir l’ouverture d’une enquête pour faire la lumière sur l’origine des décès.
Les ambassadeurs de l’Union européenne et de la France ont appelé « tous les acteurs politiques à faire preuve de responsabilité et de retenue et à privilégier le dialogue », rappelant sa position » en faveur d’élections présidentielles en 2018, crédibles, transparentes et inclusives », dans un communiqué commun.
L’Union africaine a également appelé « au calme, à la retenue et à la responsabilité ». « Madagascar n’a pas besoin de replonger dans une situation difficile à quelques mois des élections », s souligné Ahmed Youssouf Hawa, représentante spéciale de l’UA à Madagascar.
La manifestation avait été interdite par les autorités, mais l’opposition avait appelé à la maintenir pour dénoncer l’adoption récente de lois électorales controversées. Elle était organisée dans un climat politique délétère où l’opposition accuse le régime du président Hery Rajaonarimampianina de vouloir la museler, à quelques mois des élections présidentielle et législatives prévues pour la toute fin de l’année.
« J’ai vécu les différents régimes successifs à Madagascar mais celui d’aujourd’hui est le plus mauvais », a dénoncé parmi les opposants Aimé Abel Jocelyn.
Hery Rajaonarimampianina effectuait samedi un déplacement à l’étranger, selon ses services, qui n’ont pas précisé où il se trouvait. Elu en 2013, il n’a pas encore annoncé s’il allait briguer un second mandat