Les responsables politiques, à droite comme à gauche, estiment qu’Emmanuel Macron n’a aucune influence sur le président américain, notamment sur l’épineuse question de l’accord nucléaire iranien.
«La France est bien accueillie, tant mieux. On a de belles images, ça compte. Il y a des symboles. Mais à l’arrivée, qu’est-ce qu’il reste?» Laurent Wauquiez, interrogé mercredi sur Radio Classique, a fustigé le manque de fermeté du chef de l’État, en visite officielle aux États-Unis, vis-à-vis de son homologue américain, Donald Trump. En cause: les discussions autour de l’accord nucléaire iranien. Depuis son arrivée à la Maison Blanche, Donald Trump s’oppose très frontalement au texte conclu en juillet 2015 par le Conseil de sécurité de l’ONU. À Washington, Emmanuel Macron espérait convaincre le président américain de changer d’avis. Mais à l’issue de leur conférence commune, le président français a lui-même semblé faire volte-face en annonçant vouloir «travailler sur un nouvel accord avec l’Iran».
Quand Emmanuel Macron est parti (…) l’objectif était que Donald Trump respecte l’accord iranien. Pas qu’il renégocie l’accord», a déploré le patron des Républicains, qui se revendique comme principal opposant au chef de l’État. «La diplomatie d’Emmanuel Macron va d’échec en échec», a-t-il regretté. «Derrière les belles images symboliques de l’alliance, il y a une vraie panne stratégique: Emmanuel Macron n’a aucune influence sur Donald Trump», a également confirmé sur France 2 Guillaume Larrivé, délégué général en charge du projet chez Les Républicains.
À gauche aussi, les critiques sont sévères. Matthias Fekl, éphémère ministre de l’Intérieur à la fin du quinquennat de François Hollande, reconverti comme chargé des questions internationales au PS, a estimé mercredi sur RFI que la diplomatie d’Emmanuel Macron a échoué. «[Son] pari initial était de dire on déploie un maximum de charme, un maximum de séduction pour le président américain en le recevant le 14 juillet sur les Champs-Élysées (…) et ensuite en allant en visite d’État. Pour l’instant, cela n’a pas fait bouger d’un iota les grands sujets», a-t-il souligné. «Sur l’Iran, nous assistons purement et simplement, semble-t-il, à un alignement de la diplomatie française sur les demandes américaines. Ce qui est très grave», a poursuivi l’ancien ministre hollandais.
Le comportement de Donald Trump à l’égard du président français n’a pas passé par ailleurs. N’hésitant pas à lui tenir la main, voire même de lui enlever des pellicules sur son costume, le président américain a parfois pu donner l’impression de vouloir infantiliser son homologue français. Cela «met fin au mythe jupitérien», pense Florian Philippot, le président des Patriotes, et ancien bras droit de Marine Le Pen au Front national. «On doit noter que le président Trump n’aura pas hésité à plusieurs reprises à humilier publiquement Emmanuel Macron». Le président français s’exprimera mercredi après-midi devant le Congrès américain. Une occasion peut-être pour lui de faire taire les critiques.